La Présence
- dianegagneamrit
- 15 mars
- 8 min de lecture
Nous pouvons lire et entendre un peu partout que la Présence fait TOUT, que la Présence « guérit », qu’il n’y a qu’à revenir à la Présence pour cesser de jouer le jeu de l’ego et du personnage.
Mais qu’en est-il au juste?
J’ai eu une conversation avec un client autrefois, qui me disait, pour sa part, qu’il n’y avait rien à guérir, que tout ce qui relève du « personnage » est factice et bidon, que ce soit les avis, opinions, sentiments. L’ensemble du vécu quoi!
Toujours stupéfiée de voir à quel point les gens sont prêts à vivre dans le déni lorsqu’il est temps d’aspirer à un état particulier ou un statut, je lui avais alors demandé pourquoi faisait-il appel à mes services si tout ce qui relève du vécu est un rêve?
Sa réponse a été extraordinaire de sincérité:
Parce qu’il en avait marre de toujours être « rattrapé » par ce personnage qui malgré ses années d’observations, pointait encore régulièrement sa colère, ses ruminations et des états d’âme qui, bien qu’il sache pertinemment ne pas être « lui », étaient encore là à lui pourrir la vie. Pourtant! Chaque fois, se ramenant en son « axe » et sa tranquillité, il voyait bien que le jeu se calmait automatiquement. Alors pourquoi ne réussissait-il pas à se maintenir dans son axe? Pourquoi était-il toujours ramené à cette part limitée et souffrante de lui avec laquelle, il devenait apparent au fur et à mesure que la conversation avançait, il résistait et luttait?
Non, la Présence à elle seule ne fait pas tout…
Pas plus que l’observation.
Non, il ne suffit pas d’observer et de comprendre les mécanismes du petit bonhomme ou de la petite bonne femme…
Et non, la souffrance n’est pas « inutile ».
C’est presque toujours l’idée de la souffrance qui est la pierre d’achoppement de tous les « spiritualistes » qui versent dans la non-dualité ainsi que de plusieurs gens qui se tournent vers des pratiques spirituelles. Souhaitant être autre chose que ce qu’ils sont, de préférence la pure Conscience, le Divin ou un « être éveillé », ils sont en lutte et en résistance avec l’idée de la souffrance ou encore celle de l’incarnation ou de ce monde et son fonctionnement. Ils résistent quoi! Et je ne pointe pas ici que l’approche non-duelle. Dans bien d’autres approches spirituelles, c’est le même « modus operandi », qui mise toujours sur le fait de se reposer sur un principe de transcendance (extérieur ou intérieur) qui les libèreraient de cette souffrance et/ou ce monde.
D’avoir accompagné des gens qui cheminaient depuis plus longtemps que moi en spiritualité m’a vraiment beaucoup aidé à voir clair dans le genre de mécanisme qui habite ces gens et qui par le fait même aurait facilement pu être un écueil dans lequel je me serais retrouvée. Un certain groupe de gens que j’ai accompagné était composé de gens qui avaient d’abord cheminé à travers des approches psychologiques ou thérapeutiques, qui ne leur avaient pas apporté les réponses ou résultats souhaités. Et c’est souvent un peu en désespoir de cause, par désillusion ou dépit qu’ils s’étaient tournés vers des approches spirituelles.
Ce qui est un processus tout à fait normal, une suite logique si vous voulez, dans une façon de procéder qui part de toujours de l’esprit et du DÉSIR de comprendre.
Comprendre.
Comprendre sa souffrance.
Comprendre la souffrance.
Mais comprendre, n’est pas accepter, ce n’est pas accueillir, ce n’est pas dire oui à celle-ci, s’ouvrir sur le fait que de s’exprimer et ne rien retenir, est peut-être le seul besoin fondamental que nous ayons. Que d’accepter de pleinement EXPÉRIMENTER, le plus largement possible, est peut-être la seule véritable façon de comprendre finalement.
Que de pleinement vivre, ne rien se refuser et/ou renier est la seule chose qui puisse soulager le système nerveux, pacifier le corps et incidemment tout ce qui découle de son fonctionnement ou en est la source: Son énergie vitale, ses émotions, ses pensées et l’âme, cette essence qui créer, anime et supporte toute cette belle mécanique dans son fonctionnement et son expression.
Je ne le répèterai jamais assez: Il n’y a AUCUNE séparation entre l’Absolu de ce que nous sommes et le personnage.
Si le personnage a besoin d’être « guéri », vous serez guidé et conduit vers les outils qui peuvent vous aider en ce sens. Jusqu’à ce que vous sentiez que ce n’est plus nécessaire ou requis. Idem avec les pratiques spirituelles, les Satsangs, accompagnements et tout ce qui vous est offert en termes d’outils thérapeutiques ou de connaissances spirituelles. Il n’y a pas d’erreur à utiliser des outils offerts sur le marché spirituel ou à ne pas les utiliser.
Il n’y a jamais d’erreur, rien qui soit inutile pas plus que nécessaire d’ailleurs…
Il n’y a que Ce qui Est.
La voie de la connaissance est une voie qui en procède par un élargissement graduel de celle-ci. C’est en explorant toujours plus largement, en allant au bout de ce DÉSIR de comprendre, savoir et connaître que nous basculons un jour dans la non-connaissance. Qui consiste en une absence de repos sur le savoir et la compréhension pour « se sentir » en sécurité.
Parce qu’on revient toujours à Cela: La sécurité.
Suis-je en mesure de me sentir en sécurité en « moi-même », dans l’expérience ou accepter le fait de NE PAS me sentir en sécurité. Parce que, que vous le vouliez ou non, il y a dans l’organisme une intelligence et une mécanique qui régule la Vie. Qui en assure son maintien, son évolution et son déploiement. Et dans cette mécanique d’une intelligence incroyable, TOUT MAIS TOUT est régulé pour réagir au danger potentiel. Alors vous pouvez avoir compris bien des choses au niveau intellectuel, mental et même spirituel, cela ne change rien au vécu de l’organisme qui bien qu’il s’ajustera à vos prises de conscience et tentera de les actualiser à travers le vécu, fonctionne AUSSI à l’extérieur des paramètres dont vous avez conscience.
Bien sûr, il y a une foule de dangers qui n’en sont pas vraiment et devenir conscient consiste à faire un important ménage dans tout ça. Dans cet aspect des choses réside une grande part du sentiment de sécurité intérieure. Mais il y a aussi à développer de la confiance dans cette intelligence du vivant au sein de l’organisme qui sait très bien ce qu’elle fait. Or, pour cela, il y a un rapport et une relation avec le corps à développer.
Ici, un jour, il y a eu un profond épuisement à tout vouloir comprendre et rationaliser. À jouer au singe savant qui accumule l’information afin d’épater la galerie et s’attirer la sympathie. La sympathie de gens qui aiment à étaler leur savoir, leur compréhension et leurs connaissances pour EXACTEMENT les mêmes raisons qui nous motivent tous et toutes dans nos actions: Être vu, reconnu et aimé. Peu importe de quel domaine proviennent ces gens, ils fonctionnent sur les mêmes bases et les mêmes principes que le reste du monde, même s'ils aiment à se faire croire que non.
L’accueil à tout ce qui est, y compris la pleine et complète acceptation du petit bonhomme ou de la petite bonne femme est la seule voie possible. Y revenir encore et encore, l’accueillir, l’aimer, l’embrasser. Se pardonner ce qui nous paraît impardonnable, cesser de se juger, voir qu’il n’y a que nous qui puisse se voir, se reconnaître et s’aimer à notre juste mesure et jamais les autres.
La connaissance passe mais l’amour sera toujours ce qui reste quand il ne reste plus rien. La seule chose que nous puissions nous offrir qui ne coûte et ne dépend de rien.
C’est la seule chose qui soit Réelle, celle vers laquelle nous aspirons tous/toutes, secrètement ou non. Celle aussi avec laquelle nous luttons et résistons le plus. Parce que de s’aimer a longtemps été véhiculé comme de l’égocentrisme, de l’orgueil ou du narcissisme. Mais si vous y regardez bien comme il faut, à deux fois plutôt qu’une, c’est de ne pas s’aimer et vivre dans la peur de ne pas être aimé, d’être rejeté, trahi ou abandonné par les autres qui finit par développer ces troubles de la personnalité que nous ne voulons absolument pas avoir ou présenter.
Non…
Ce n’est pas la Présence et/ou le sentiment d’exister mais bien l’amour, dans son aspect éternel, qui fait TOUT.
Lorsque vous vous accueillez et vous aimez, véritablement, pas juste superficiellement dans votre apparence, vos différents rôles ou dans les traits de personnalité qui vous plaisent, mais bien dans toutes ces parts secrètes que vous taisez et cachez, vous cessez d’être en demande, en quête ou de nourrir des attentes envers les autres.
Parce que vous vous prenez en charge et vous occupez de ce qui demande à l’être dans L’INSTANT, vous cessez de demander aux autres de s’en occuper à votre place. Vous cessez de demander aux autres de vous prendre en charge, de vous voir, vous valider, vous reconnaître ou vous aimer à votre place.
Cela ne ne veut pas dire que vous ne pourrez pas être vu, validé, reconnu ou aimé en retour par des proches ou même plus largement.
Cela veut simplement dire que vous cesserez d’être continuellement en quête extérieure de ces aspects.
Cela veut simplement dire que vous pourrez commencer à vivre un véritable sentiment de sécurité intérieure qui vous permettra non seulement de vous détendre mais aussi de (re)commencer à faire confiance.
Une confiance qui grandira avec le temps et rayonnera de plus en plus largement au fur et à mesure que l’ensemble de l’organisme se détendra.
Cette confiance c’est l’amour.
L’amour de la Vie.
La Vie en vous, la Vie à l’extérieur de vous.
Une Vie qui, vous le ressentirez de plus en plus puissamment, est bien plus grande que ce que vous pensiez être vous.
Depuis quelques décennies, le nouveau mot à la mode pour Cela est la Présence.
Alors qu’en réalité c’est l’aspect vibratoire de la Conscience, tout simplement.
C’est beau, béatifique et enivrant. Sauf que pour toucher à Cela, il faut en passer par l’amour de soi.
L’amour du petit bonhomme et de la petite bonne femme.
On y revient toujours.
À la relation, à l’amour.
La relation avec tous les aspects de soi, la relation avec l’autre, la relation avec l’ensemble du vivant.
L’altérité et la dualité.
Le pardon et la réconciliation.
La Présence est un effet, une conséquence de l’amour conscient, au même titre que la perception est l’effet de l’observation consciente.
C’est tout.
On peut en faire autre chose. Parce que c’est souvent en voulant simplifier les choses qu’on finit par les complexifier. C’est le jeu du mental et de l’intellect. Un jeu qui vise à nous sécuriser et nous valider dans notre légitimité d’exister. Alors la Présence est devenu ce sentiment d’exister au-delà de l’espace et du temps qui légitime une nouvelle façon de se vivre, se goûter et se déployer.
Mais être c’est être.
Cela n’a pas besoin d’être légitimé, valider, reconnu ou vu.
Vous êtes, que le vouliez ou non.
Alors, le seul problème, celui auquel nous revenons toujours, c'est de vouloir être autre chose que ce que nous sommes. De chercher à comprendre qui nous sommes ou ce que nous sommes. De vouloir cerner quelque chose qui ne peut l'être.
***
Un jour, nous cessons de vouloir être autre chose que ce que nous sommes. Nous cessons de vouloir nous prouver, que ce soit aux autres ou à nous-même.
Nous cessons de croire ou prétendre à autre chose, de nous définir, nous circonscrire, nous limiter. Nous cessons de prétendre que nous avons compris ou savons. Mais parce que les réponses à nos questions finissent toujours par arriver de toute façon mais qu’en même temps elles ne durent pas et sont à quelque part bien insignifiantes en regard de l’expérience et du vécu, nous lâchons prise sur tout ça et ça fait foutrement du bien!
Alors le repos et la détente peuvent venir.
Et, avec ceux-ci, une Vie qui s’embellit, se magnifie et s’amplifie.
Amrit
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