L’Amour est une chose bien mystérieuse que nous cherchons continuellement à cerner.
Pourtant l’expérience nous apprend que la Vie procède par élimination et cela nous apparaît encore plus clairement avec le temps. Jeune nous voulons tout vivre, tout goûter, tout aimer et être aimé/e de tous. Nous pensons tout savoir, tout connaître et avons les prétentions qui viennent avec l’énergie et la fougue de la jeunesse. Alors nous en prenons plein la gueule et c’est parfait ainsi puisque nous avons à affiner les qualités de l’esprit.
Or, celles-ci ne peuvent se développer qu’en s’ouvrant à la diversité des expériences qui nous sont offertes par la Vie.
Ensuite, vient un temps où la somme du bagage accumulé devient lourde. Il faut alors se déposer, ouvrir notre sac, observer son contenu et apprendre à aimer autrement. Parce que nous voyons bien que toute nos façons de faire nous ont peut-être beaucoup appris, mais elles ne nous ont pas forcément apporté le bonheur souhaité.
Il faut alors apprendre à s’aimer. Cesser d’attendre du monde et de la Vie qu’ils répondent à notre place de ce que nous sommes le plus aptes à nous donner. Cet Amour et ce bonheur dont nous avons été en quête pendant tant d’années.
Il faut apprendre à aimer le contenu du sac et se laisser instruire par ce qui est à l’intérieur de celui-ci.
L’esprit c’est un peu comme un couteau. Bien utilisé nous pouvons vraiment trancher la corde qui retient l’ouverture du sac, disséquer le contenu de nos expériences afin d’en faire ressortir toute leur beauté. Mais mal utilisé, nous ne ferons que nous blesser avec celui-ci, sans réussir à dénouer quoique ce soit et nous alléger. Cela dit, avant de pouvoir penser à s’alléger, il faut avoir bien vécu et nous être solidement enraciné.
Sinon nous continuerons de nous illusionner d’une compréhension, d’un savoir et d’une connaissance qui ont fait leur temps et lentement nous éteindrons le feu de cette émerveillement et cette curiosité qui avaient pourtant été le moteur de nos jeunes années. Au lieu de changer notre regard, nous laisserons ce regard changer notre Vie.
Refroidissant lentement mais sûrement la fournaise du cœur, la Vie en nous se tarira et c’est ce que nous appellerons alors la vieillesse.
C’est pourquoi nous devons faire preuve de patience et de lenteur lorsque nous procédons aux investigations et observations intérieures ainsi que lorsque nous utilisons tous ces beaux outils de cheminement, les méthodes et autres enseignements offerts pour cheminer.
Tout cheminement doit se faire dans la lenteur, bien enraciné dans le Maintenant.
Parce que c’est dans la lenteur, la patience et une absence de volonté à vouloir orienter les choses de quelque façon que ce soit que le véritable Amour se révèle. L’Amour qui aime pour le bonheur que cela procure et qui se manifeste lorsque l’esprit, ayant enfin accompli ce pour quoi il était destiné, se résorbe enfin dans l’espace du cœur.
La course est terminée. Nous cessons de vouloir tout comprendre et boire la Vie jusqu’à la lie. Nous laissons cette Vie en nous tout réconcilier et pacifier ce qui demandait avant à galoper, explorer, argumenter et guerroyer.
Parce que nous avons vécu, bien vécu et avons accepté d’abdiquer, les désirs s’étiolent et meurent mais pas la curiosité. Or, c’est de celle-ci que procèdera un émerveillement qui change constamment notre regard sur la Vie, parce qu’ils ne cherchent pas à saisir et s’approprier.
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L’Amour est un processus de maturation qui comme pour un bon vin, se bonifie avec les années. À force d’essais et d’erreurs qui nous ont permis de comprendre ce que l’Amour n’est pas lorsqu’il se tourne uniquement vers l’extérieur et n’est pas cultivé aussi en soi.
Un bon vigneron sait que même s’il prend soin de sa vigne et y place tout son Amour, s’il n’est pas là, fort et en santé pour s’en occuper, la vigne survivra fort probablement, mais son fruit se perdra et personne ne pourra en bénéficier.
Dans la Vie c’est la même chose: L’Amour et le bonheur sont à trouver d’abord en soi, pour qu’on puisse par la suite être assez solide en nous-même et en paix, pour pouvoir aimer avec moins d’attentes et d’attachements. Aimer moins égoïstement. Et ça, c’est ce qui permet de rendre heureux les gens autour de nous. Parce que nous nous aimons avec plus de justesse, nous aimons les autres moins illusoirement. Nous en demandons alors non seulement moins aux autres, mais sommes en outre aptes à plus en donner.
Plus en donner pour la seule joie que cela nous procure ne nous vide pas, au contraire! Cela nous remplit d’une joie qui alimente et continue de faire croître et grandir cet Amour.
L’Amour est un état duquel procèdent nos actions.
Ce n’est pas une parole, une intention ou un vœu pieux.
L’Amour appelle à l’Amour et lorsque cela a été compris, nous avons compris ce qu’il importait réellement de comprendre. Parce que l’évidence est là que si nous prenons soin de Cela, l’Amour ne pourra inévitablement, un jour ou l’autre, que produire ses fruits.
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L’Amour est un processus d’apprentissages.
Un processus de Vie mystérieux auquel il faut simplement savoir s’abandonner plutôt que de vouloir imposer ou même tenter de s’imposer.
L’Amour choisi son lieu et son temps, parce qu’il est à l’extérieur de ceux-ci.
L’Amour n’est pas là à flotter au gré du vent, à danser autour des feux de joie, dans des mouvements, groupes, cercles ou réseaux d’initiés qui le trimballent comme s’il était leur propriété.
Il est là Maintenant, toujours disponible à chacun et chacune de nous qui prend le temps de se déposer, d’être patient et de réellement écouter.
C’est pourquoi il continuera toujours d’échapper aux esprits qui galopent comme des chevaux débridés.
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