Bien sûr, c’est beaucoup plus facile ainsi. C’est rassurant également.
Mais cela n’entraîne aucune relâchement, aucune détente et le corps demeure tendu, voir rigide.
Il est courant de voir les gens rationaliser le vécu émotionnel, quand ce n’est pas le banaliser ou même le renier en objectivant son côté éphémère et illusoire. La rationalisation est le fruit de la psychologie. Science qui vise à nous permettre de comprendre le vécu existentiel, la source de nos névroses ainsi que la construction du persona. Trouver une cause à nos émotions est quelque chose de rassurant, qui nous explique que nous ne sommes pas inadéquats ou qui permet, face aux autres, de justifier celles-ci. Quant à la banalisation et la négation, elles sont d’origines diverses. Mécanismes de défense et de fuite facilement accessibles, elles sont le produit d’un long conditionnement social qui a tendance à voir l’émotion comme un signe de faiblesse.
Montrer ses émotions c’est parfois montrer un moins beau côté de soi. Mais c'est aussi rappeler à l'autre que cette réalité existe également en lui/elle et que nous sommes humains. L'émotion peut déranger c'est vrai, mais l'émotion peut désarmer aussi.
Exposer son flan à l'ennemi peut être perçu comme un risque à prendre. Qui peut permettre à celui-ci d'attaquer, comme lui faire voir qu'il n'y a pas véritablement d'ennemi à abattre de l'autre côté de la ligne de front. Lorsque vous vous êtes reconnu et que vous savez ce que vous valez, bien souvent c'est parce que vous avez compris de quoi la trame et l'histoire sont constituées. Ayant touché votre vulnérabilité la plus grande, il n'y a plus aucun risque à afficher celle-ci. Lorsque vous vous connaissez jusque dans vos fondements et que vous êtes solidement ancrés en ceux-ci vous devenez inébranlable. Parce que vous savez très bien qu'il n'y a pas et qu'il n'y aura jamais d'ennemi ailleurs que dans les histoires et chimères que nous aimons bien à nous raconter. Vous pouvez donc laisser les autres s'épuiser à leurs combats, sans plus vous inquiéter des rumeurs, ragots et salissages de réputation qui sont monnaie courante dans tous les groupes et structures hiérarchisées qui reposent sur le pouvoir et les manipulations émotionnelles qui viennent avec.
Il y a plusieurs approches philosophiques, spirituelles et religieuses qui ont contribué au phénomène de rationalisation des émotions également. Parce que nos influences spirituelles et religieuses des dernières centaines d’années sont historiquement patriarcales et tournées vers les principes de l’esprit, de la connaissance et de la conscience, plus qu’en alignement avec le ressenti ou la réalité de l’âme. Il faut donc comprendre de cela que la manipulation émotionnelle existe également dans ces milieux. Dès que nous laissons les choses se vivre à partir de l'intellect et du mental uniquement, il y aura toujours quelqu'un qui sera détenteur d'un savoir, d'une information ou d'une compréhension quelconques qui viendront colorer votre expérience et lui donner un sens ou une signification. Tout le principe du « gaslighting » repose sur ça.
Il existe encore beaucoup de confusion aujourd’hui lorsque nous parlons d’âme, d’esprit, du soi ou de la conscience. Les pinceaux s’emmêlent facilement lorsque nous arrivons sur ce terrain et de nombreuses approches philosophiques et spirituelles ne traitent peu ou pas du corps. Même que plusieurs le voient comme un lieu de vice, de perversion ou sans intérêt. Mais un jour ou l'autre, vous réaliserez que plus on vous éloigne du corps et du vécu, plus vous êtes susceptibles de demeurer confus et d'avoir besoin d'un éclairage extérieur pour comprendre qui vous êtes ou ce que vous vivez.
Pourtant, le corps est un haut lieu d’intérêt, puisque c’est un enregistreur qui recèle une foule d’informations. Dans la conscience corporelle est contenue le fruit d’une longue évolution qui date d’avant bien votre naissance. À ce lourd bagage, que vous possédez déjà à votre naissance, vous ajouterez celui des expériences que vous vivrez durant votre Vie.
Ce qu’il peut être utile de comprendre d'entrée de jeu, c’est que même pour la conscience corporelle, les sensations et émotions sont neutres au départ.
Un bébé n’éprouve aucune souffrance à pleurer. Il vous fait part d’un besoin qui n’est pas comblé (faim, digestion, froid, chaud, fatigue) par des pleurs, parce que c’est le seul moyen d’expression qu’il possède. Au fur et à mesure qu’il apprendra le langage, il commencera à exprimer ses besoins autrement.
C’est culturellement et socialement que nous avons fait des émotions quelque chose d’autre que le simple moyen de base du corps de réagir à son environnement, nous fournir des informations sur celui-ci et exprimer le vécu et les besoins du moment. Au départ, l’émotion est là pour nous informer. C’est « l’homo », lorsqu’il est devenu « sapiens », qui a commencé à vouloir comprendre, étiqueter, colorer et je dirais même polariser les émotions.
Favorisant le vécu positif que les émotions neutres et élévatrices nous procurent, nous sommes partis à la poursuite de celles-ci pour mieux fuir celles qui sont plus inconfortables ou imprévisibles. Associées aussi à l’impulsivité et la difficulté de se contrôler, certaines émotions ont même été outrageusement « démonisées » par leur éventuelle potentialité à susciter des réactions violentes, qui se tournent vers l’autre ou vers soi. Voulant dompter et domestiquer notre nature animale, nous avons tenté de comprendre celle-ci et c’était ce qu’il fallait faire, jusqu’à un certain point.
Malheureusement, nous avons fait des émotions quelque chose de « mental » et d’intellectuel, ce qui nous a permis de croire que nous pouvions les contrôler à notre guise. Ce faisant, nous avons perdu contact avec une sensibilité psycho-corporelle qui nous permettait d’obtenir tout un tas d’informations. Entraînant comme effet majeur et principal de nous planquer de plus en plus loin de celles-ci, dans notre tête.
Planqués tout là-haut, il devient plus difficile de pleinement les ressentir mais cela nous empêche en outre, de libérer la charge énergétique qui vient avec elles lorsque nous les vivons et les exprimons adéquatement. Rendant nos corps prisonniers de l’enregistrement, nous faisons tourner celui-ci en boucle. Au fil du temps, nous devenons comme ces vieux disques durs d’ordinateur qui ne sont plus capables d’emmagasiner les données, parce que saturés d’informations. À répéter de vieux programmes désuets et inadaptés aux besoins de l'époque et du Moment.
Faut-il ensuite s’étonner que les problèmes de santé mentale et de démences précoces soient les enjeux auxquels nous avons de plus en plus à faire face dans nos sociétés?
Les émotions c’est un peu comme l’Amour. C’est probablement pourquoi nous associons autant l’Amour à une émotion, alors qu’en fait c’est un état d’être. Nous pouvons parler de l’Amour et d’ailleurs nous le faisons énormément dans nos sociétés ainsi que dans notre spiritualité. Mais plus nous cheminons et avançons dans la Vie, plus nous réalisons que l’Amour s’exprime réellement et véritablement à travers les actions et les petits gestes concrets au quotidien.
Et bien c’est la même chose avec les émotions.
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Ce n’est pas d’en parler ou d’en comprendre leur origine ou leur raison qui est important, mais bien de les vivre au fur et à mesure qu’elles se présentent. Ainsi qu’apprendre à les exprimer adéquatement, c’est à dire au « Je », sans rendre les autres ou les circonstances responsables de celles-ci.
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Beaucoup de gens m’ont fait part dans les dernières années avoir rencontré et cheminé avec des accompagnant/e/s, enseignant/e/s, maîtres ou gurus qui les encourageaient à devenir plus « fort » mentalement ou à se « maîtriser » d’avantage, d’une façon ou d’une autre.
Cela pouvait aller de techniques qui visaient à ancrer mentalement le fait qu’ils n’étaient pas le corps, les émotions ou les pensées, mais bien « Cela », la Conscience, ou tout autre nom que vous voulez bien donner à la Réalité qui se situe en amont de toutes manifestations. Cela pouvait être par des approches qui visaient à renforcer le système nerveux. En fait, cela pouvait être par tout un tas de techniques d’investigation ou d’introspection qui visaient d’une manière ou d’une autre, à observer le mental et l’intellect et les reprogrammer autrement avec de nouvelles croyances ou règles de morale quelconques.
J’ai moi-même rencontré en début de cheminement quelqu’un qui procédait de cette manière.
Avec un recul de quand même plusieurs années maintenant, je ne peux que vous déconseiller d’en passer par de telles approches sur le long terme.
Parce que le cheminement spirituel ne vous amène pas à quelque part, il ne vous permet pas d’atteindre un état particulier qui serait supérieur, meilleur ou qui transcenderait votre nature humaine et les limites que vous êtes venus expérimenter ici.
Il est là pour vous apprendre à vivre en harmonie avec celles-ci et transcender celles qui peuvent l'être.
Le cheminement vous ramène à vos « paramètres d’origine », si l'on veut. Il vise à libérer les enregistrements et programmations en cours. Il peut même, dans certains cas, vous faire revoir votre « système d’exploitation de base ». C’est-à-dire les programmes en place dans le corps à votre arrivée en ce monde, ceux qui viennent du transgénérationnel, du collectif et du cosmique. Si la trajectoire cosmique est de vous retourner à l’Universel en cette Vie, bien sûr.
C’est pourquoi la mémoire est aussi importante dans ce type de processus et c’est également pourquoi c’est le vécu qui doit être rencontré et non pas seulement la compréhension que nous avons de celui-ci.
Il faut passer et repasser sur les chemins parcourus, particulièrement sur ceux qui ont laissé des empreintes plus profondes. Vous ne pouvez pas créer de nouveaux chemins neuronaux, si vous ne vous êtes pas libéré des anciens, si vous n’avez pas créé de l’espace intérieur.
Sinon, vous ne faites que continuer de saturer l’espace sur le disque dur en y introduisant de l’information supplémentaire qui vient soit de nouveaux savoirs et compréhensions, ou de nouvelles programmations (nouvelles croyances).
Vous alourdissez le système plutôt que de l’alléger.
C’est ce qui fait qu’au bout d’une ou deux décennies de cheminement, vous réalisez soudainement que bien que vous ayez compris tout un tas de chose sur vous ou sur la nature de la Réalité, peu de choses ont changé dans votre réalité intérieure. Vous vivez certainement plus de moments de calme et de paix. Mais tout un tas de comportements réactifs ou de marottes mentales envahissantes sont encore là à vous pourrir la vie et vous maintenir en observation d’un mental qui ne trouve pas de réelle accalmie permanente. La discipline spirituelle commence à vous épuiser parce que vous demeurez dans un mode d’hyper-vigilance qui est encore un mode de survie qui s’oriente simplement autrement. Tourné vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur.
Alors arrive le discours de la liberté et la joie d’être, le non faire ainsi que l’acceptation et l’amour de soi...
Et Dieu que ça fait du bien!!!
Une proposition autre vous est offerte, une pause bien méritée après des années de vache maigre et c’est très bien. C’est une excellente chose que de se lâcher la bride et se permettre enfin de vivre. Comme pour beaucoup de chercheurs, j’ai vécu et expérimenté le soulagement et l'allègement que procure le fait de se légitimer et s’autoriser enfin à être ce que nous sommes. Je crois encore aujourd'hui que s’accorder tendresse et de douceur, demeure encore la meilleure des thérapies. De belles ouvertures et avancées se font à partir de là parce que nous pouvons enfin nous autoriser à vivre.
Or vivre, ça voudra forcément dire un jour ou l’autre, se ressentir plus et vivre ses émotions. Cela voudra dire d'aller rencontrer ce qui est enregistré et contenu dans le vécu dans la forme.
C'est pourquoi il ne faut pas perdre de vue qu’un processus d’individuation est un processus de transformation qui n’en passe pas seulement par le changement de regard et de perspective, mais par des changements comportementaux profonds. Or, ceux-ci ne pourront survenir que lorsque la structure psycho-corporelle qui contient le bagage mémoriel pourra se relâcher et se détendre.
En spiritualité on nous parle beaucoup de la paix de l’esprit et parfois de la paix du cœur. Mais peu vous parleront de la paix du corps. Celle qui entraîne une détente profonde, celle qui nous rend moins réactif, celle qui induit de la lenteur dans nos processus décisionnels, celle qui induit de la patience et nous permet réellement d’accueillir la Vie telle qu’elle est. Ces éléments ne proviennent pas d’une compréhension intellectuelle ou d’une discipline quelconque, qu’elle soit spirituelle ou autre.
Ces éléments proviennent de la libération de la mémoire et la régulation des émotions. Réguler ses émotions ne veut pas dire les contrôler mais bien apprendre à les vivre au fur et à mesure qu’elles se présentent et les exprimer avec justesse et vérité.
C’est pourquoi il devient important un jour ou l’autre, de se questionner sur ce qui motive nos quêtes et recherches spirituelles, ou celles que nous amorçons pour notre « mieux-être ». J’ai rencontré quand même pas mal de gens qui se sont dirigés vers la spiritualité de façon à fuir certains inconforts ou situations désagréables qu’ils vivaient. Ou encore en désespoir de cause. Parce que d’autres approches telles que la médecine, la psychologie ou le développement personnel ne leur avaient pas apporté ce qu’ils cherchaient.
Au cours la dernière année, on m'a questionné quelques fois aussi sur un nouveau thème, celui de « la famille de cœur ». Parce que les gens qui cheminent ainsi que ceux/celles qui sont précipités vers des ouvertures en conscience malgré eux/elles sont plus nombreux, il est normal de chercher à se relier à d'autres personnes qui vivent la même chose que nous. Surtout lorsque nous traversons cette ou ces période/s où nous sommes placés en rupture de nos anciennes relations et/ou façons de vivre. Mais, encore une fois, la spiritualité n’est pas là pour vous permettre de créer « votre monde idéal », mais bien pour vous permettre de mieux accepter ce monde, y apporter de la compassion et mieux y naviguer. Alors, de cette perspective-ci, la famille de coeur demeure une famille provisoire comme toutes les familles. Les familles sont là pour favoriser notre développement c'est vrai, mais elles sont là également pour nous conduire vers l'autonomie. Si votre famille de coeur ne vous offre pas cela, ce n'est pas une famille mais un regroupement de nature sectaire, qui d'une façon ou d'une autre, continue à entretenir le clivage et la séparation. Ces groupes prônent souvent la création ainsi que la construction d'un « nouveau monde », porteur de nouvelles valeurs d'amour élargi, d'entraide et de solidarité. Pourtant, si vous observez leurs comportements, vous remarquerez qu'ils fonctionnent souvent en marge de la société en rejetant celle-ci à la même mesure et à la même hauteur qu'ils continuent pourtant de s'y relier pour obtenir le financement, les produits et services dont ils ont besoin pour construire et édifier leur « nouveau monde ».
La Vie est un tout dont rien ne peut être exclu.
Nous rêvons tous/toutes d'un monde meilleur et avons la volonté de pouvoir y contribuer d'une façon quelconque. Vous serez toujours un agent de changement! Parce que la seule chose qui ne change pas en ce monde, c’est le changement... Mais vous serez toujours un « acteur » parmi tant d'autres dans la pièce, là pour y jouer un rôle. Le but est donc de vous placer dans un alignement qui puisse vous permettre d’être au service et en mesure de répondre aux besoins du moment. Dans cet appel à répondre aux besoins, que ce soit les vôtres comme ceux de l'entourage avec qui vous interagissez, les émotions ainsi que les énergies qui sont associées à celles-ci seront toujours une source d'informations inestimable. Plus vous comprendrez vos émotions, ce qu'elles ont à vous apprendre et que vous transmuterez les vieilles énergies du passé contenues dans votre système, plus vous serez apte à contribuer aux changements globaux.
D’être au service et de contribuer à ces changements est non seulement ce qui vous apportera une grande joie mais cela donnera ce sens que presque tous les chercheurs spirituels cherchent à leur vie. Le comment, le où, le pourquoi ou le « avec qui » sont très accessoires, dans cette quête de sens que nous associons toujours au départ et bien naïvement, à la réalisation de nos rêves et/ou désirs. Vous aurez peut-être « l’impression » que tout ceci vient de « vous », mais peut-être, et je vous le souhaite, vous réaliserez un jour que tout ceci est bien au-delà de nous…
Donc, tout ceci pour dire que le cheminement spirituel brisera, que dis-je, pulvérisera toutes vos attentes! Dans ce contexte, il est important de comprendre que si l’espoir peut être porteur de belles et bonnes choses, il peut aussi continuer à entretenir nos illusions.
C’est donc en cela précisément, que l’esprit, le mental et l’intellect deviennent de précieux outils pour vous aider à faire la part des choses. Tout a son utilité, même ce fameux mental contre lequel tout le monde peste. Il faut seulement remettre les choses à leur juste place.
Mental et émotions vont de paires lorsqu’ils se complètent, pas lorsqu’ils s’opposent. Or, tant que vous rationaliser vos émotions, tenter de les comprendre ou les contrôler d’une façon quelconque, plutôt que de simplement accepter de les vivre librement et fluidement, vous êtes dans des dynamiques de lutte et/ou de fuite qui ne font qu’alimenter un état de tension qui ne permet pas de pacifier le corps.
S’accepter tel que nous sommes est plus important que de comprendre ce que nous sommes.
C’est la même chose lorsqu’il s’agit de notre « devenir ». Le devenir appartient au persona et aux programmations, pas à l’Être.
L’Être se fond dans l’Éternité du Maintenant.
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Nous sommes un Mystère pour nous-même, le rêve que Dieu a fait de nous.
Voulu, créé et aimé exactement tel/le/s que nous sommes.
💞
Amrit
Prochaines dates au calendrier des évènements:
7 janvier 2025, 13h00 à 15h00: Teams Satsang (en virtuel), pour les membres du portail privé.
26 janvier 2025, 9h30 à midi: Partage en Présence (Satsang) à mon domicile. Ouvert à tous/toutes.
28 janvier 2025, 13h00 à 15h00: Teams Satsang (en virtuel), pour les membres du portail privé.
9 février 2025, 13h00 à 15h00: Retraite bien-être à distance (en virtuel), Atelier sur la mémoire et les traumas.
15 février 2025, 13h00 à 15h00: Retraite bien-être à distance (en virtuel), partage en Présence (Satsang).
18 février 2025, 13h00 à 15h00: Teams Satsang (en virtuel), pour les membres du portail privé.
Informations et inscriptions sur le site web.
💝 merci, quel cadeau cet écrit, englobant, clair, révélant. 💐