La Solitude
- dianegagneamrit
- 17 juil. 2024
- 8 min de lecture
Est-ce que l'être qui a réalisé sa Véritable Nature est seul?
Oui. Complètement.
Et non...
Parce qu'il est le monde, celui-ci vit en lui/elle, donc d'une certaine façon, il/elle n'est jamais seul/e.
Autre paradoxe, je sais.
En fait, il n'y jamais de paradoxe. Les paradoxes sont simplement le produit du mental et de l'intellect lorsque nous essayons d'appréhender quelque chose d'un point de vue particulier. Or, s'il y a bien quelque chose qui disparaît de plus en plus avec le temps, de cette perspective-ci, c'est cette idée de particularité et la tendance qui venait avec, à « focaliser » sur un point de vue, un état ou une situation dans ce qu'ils ont ou pourraient avoir de particulier.
La Vie est un ensemble de phénomènes qui apparaissent au sein d'une Conscience qui elle est Unitaire. Donc, en tant que Conscience, il y a cette solitude absolue puisque par essence, c'est la nature même de l'Unité. Mais il y a également une multitude et une diversité continuelle dans l'émergence, l'apparition et la dissolution des phénomènes qui se produisent au sein de cette Unité.
Cela dit, au-delà de l'aspect spirituel et encore très théorique, comment cela se traduit-il dans le vécu?
Il est certain que cela se traduit d'abord et avant tout par un profond sentiment de connexion avec tout ce qui émerge et se manifeste au sein de la Conscience. Alors, qu'il s'agisse d'un levé du soleil, de mon chien qui me sollicite pour un urgent besoin de sortir, de mon conjoint à qui je fais un câlin ou du voisin qui décide de faire la pelouse à 7h00 du matin, c'est toujours vécu et embrassé comme étant une sorte d'extension de ce que je suis. Quelque chose qui se vit de façon continue, fluide et avec une qualité vibratoire qui emporte un profond sentiment de béatitude.
Mais, ça ce n'est qu'un aspect parmi tant d'autres. Un aspect plutôt organique, ou formulé autrement, sensoriel et perceptuel si vous préférez. Et bien que cela soit suffisant à faire taire la majorité des pensées et histoires qui voudraient émerger pour commenter ce qui est à se jouer dans cette émergence continuelle de phénomènes et d'expériences, cela n'empêche pas non plus l'émergence d'autres sensations, sentiments et/ou émotions. Cela n'empêche pas non plus, l'expression de la personnalité avec toutes ses couleurs. Avec certaines préférences, capacités à mettre des limites, dire non à certaines situations ou nommer clairement ses besoins dans le vécu relationnel. Dans la vie de famille, avec les ami(e)s ou le voisinage. Ce qui change énormément avec le passage du temps, c'est la façon. La douceur et la bienveillance avec lesquelles les choses s'expriment. La patience à tolérer certaines situations qui auparavant semblaient intolérables.
Petit aparté... L'anecdote du voisin qui fait sa pelouse à 7h00 le matin est assez rigolote. Elle est sortie comme ça durant le dernier Satsang, se prenant comme exemple pour illustrer un point qui demandait à s'expliquer. Sans relation réelle avec un évènement qui soit contemporain dans ma vie personnelle. Mais elle faisait écho et résonnait pour une participante et c'était tout ce qui comptait. Or, le lendemain matin du Satsang, un dimanche matin à 6h45 plus précisément, qu'est-ce qui m'a réveillé et sortie du lit? La voisine qui faisait sa pelouse...
Ah la Vie! N'est-elle pas magnifique?
Bref, pour en revenir à la solitude, qui est le propos du présent texte, je constate souvent dans les échanges avec vous que ce thème revient de façon récurrente. Ce sentiment de solitude qui croît et grandit pour celui ou celle qui chemine en Conscience.
Tout d'abord parce qu'il y a souvent une sorte de décalage avec l'entourage. Un changement dans le regard, dans la perspective et la façon que nous avons de voir la Vie, qui n'est pas encore partagé par la majorité. Ensuite, parce qu'avec le cheminement, vient souvent ce que j'appelle de grands « resets » dans les relations que nous avons eues par le passé. Une sorte de grand ménage du printemps peut parfois survenir dans nos vies, faisant soudainement table rase du passé, de tout ce qui est devenu lourd, superflu ou inapproprié à la direction qui demande maintenant à se prendre pour nous.
Ces bouleversements et ces impressions de décalage sont tout à fait normales et oui il peut arriver aussi que votre chemin de Vie vous conduise à des périodes de solitude intenses et parfois assez longues. Qui viendront brasser ce qu'elles ont à brasser et entraîner le réalignement qui doit se faire en nous. Il est alors bon de se déposer et d'observer, avec beaucoup de douceur et le moins de jugements possibles, ce qui est dérangé et chahuté par ce retrait forcé, ce vide qui soudainement se fait autour de nous dans notre vie « extérieure » ou cette difficulté à entrer en résonance avec les personnes autour de nous.
Où se situe l'accroche et la saisie?
Où se situe l'attractivité, ou au contraire, la répulsion soudaine?
C'est le mental et l'intellect qui accrochent et buttent sur tout ceci. La répulsion soudaine pour quelque chose (ou quelqu'un) n'est que la contrepartie de l'attractivité qui se manifeste soudainement lorsqu'il nous est demandé de lâcher prise. Si ce qui nous plaisait ou nous confortait auparavant devient soudainement répulsif, rempli de questionnements, d'incompréhensions, de tiraillement ou source d'un quelconque conflit intérieur, c'est tout à fait normal et c'est simplement le signe qu'il est maintenant temps pour nous de lâcher prise. Bien sûr, il peut y avoir également de l'émotionnel relié à tout ceci et c'est surtout celui-ci qu'il faut savoir totalement accueillir et laisser s'exprimer comme il demande à le faire. Sans le réprimer ou l'étouffer parce que nous en jugeons ou le renier parce que nous le banalisons.
Fondamentalement, à la base, cet Univers dans lequel nous vivons repose sur des principes énergétiques. Ce n'est pas moi qui le dit, mais la science qui l'a prouvé et démontré. En Cela nous n'échappons pas à des principes d'électro-magnétismes qui régissent le fonctionnement de tout l'Univers. Des lois universelles dont nous ne sommes pas séparées et qui sont totalement hors de notre contrôle dans les aspects manifestés et dans la forme à travers laquelle nous vivons et nous exprimons. Ainsi nous sommes en liens avec l'ensemble des phénomènes qui se manifestent à notre Conscience individualisée dans la forme, d'une façon énergétique. Attiré/e par ceux-ci d'une façon « x » pendant un temps. Mais comme l'ensemble de tous ces phénomènes sont passagers, il est normal qu'un jour ils changent et parfois disparaissent même de nos vies.
Le scénario du film change et c'est là l'essence même de la Vie!
Sauf que notre identification à la forme, notre attractivité pour un monde qui est perçu comme extérieur à nous, créent une impression de réalité qui fait en sorte qu'il est parfois difficile de lâcher prise comme ça tout d'un coup, sans aucun effort, tension ou résistance. Et ça, même ce que la spiritualité appelle « un être réalisé » vit cette réalité. Ne vous imaginez pas le contraire et ne croyez surtout pas ceux qui prétendent vivre autrement.
Ce qui se vit à partir de ce point focal que nous appelons « le corps » est totalement indépendant de toute volonté personnelle à vouloir en orienter la direction, le cours et le fonctionnement. Parce qu'il est l'expression même de lois universelles auxquelles nous sommes toutes et toutes soumis/es.
La façon dont le scénario se déroule, se vit et se joue est en quelque sorte pré-programmé.
Mais, malgré ce qui pourrait sembler une sorte dépossession ou même une sorte de fatalité, nous avons un grand pouvoir. Une liberté intérieure incroyable. Mais faites vous à l'idée, cela ne sera jamais un pouvoir ou une liberté sur la projection extérieur et le film en tant que tel. Je peux décider de comment j'agis dans le film et/ou réagis au scénario qui m'est proposé, mais je ne peux pas quitter la salle de projection.
À moins de fuir dans un ailleurs qui consiste à se réfugier dans la tête et l'imaginaire. Dans toutes sortes d'illusions et de croyances qui me permettent de moduler le scénario à ma convenance. Ou encore, fuir dans des addictions ou modes de compensations qui me « gèleront » provisoirement de toutes ces sensations inconfortables ou douloureuses qui se vivent dans la forme lorsque je résiste aux évènements et situations. Lorsque je n'accepte pas d'aller voir ce que ces inconforts et souffrances tentent de me faire voir et m'enseigner. Ou pire. Je peux commettre l'ultime sacrilège en regard de la Vie en décidant d'y mettre fin au sein de la forme actuelle.. Mais de cela je ne désire pas traiter dans le présent texte. Peut-être le ferai-je éventuellement dans un autre, pour démontrer à quel point nous ne désirons pas réellement quitter cette Vie, mais simplement un lot d'expériences et de situations qui sont à se jouer au sein de celle-ci, sur lesquelles nous avons simplement une mauvaise compréhension.
Mais peu importe.
Tous ces mécanismes de fuite qui perpétuent des illusions de « mise à mort », sont factices. Parce qu'on ne peut se quitter. On ne peut quitter la Conscience que nous sommes et son jeu exploratoire dans la forme. Ce que nous quittons ce sont des croyances et rien de plus. La croyance dans le fait que ce qui se joue est la seule possibilité, la seule finalité et la seule potentialité. La croyance en un acteur qui est victime et/ou tributaire des évènements et situations ainsi que l'impact que ceux-ci ont sur lui ou elle. Or, ce n'est que lorsque le regard change sur ces croyances, qu'elles sont remises en questions et soumises à un examen sérieux, constant et profond que le scénario et l'histoire qui vient avec peuvent commencent à changer d'eux-mêmes.
C'est lorsque nous nous inclinons face à notre réalité intérieure, abdiquons à celle-ci et à la volonté de l'âme qui décide soudainement que la partie est terminée et qu'il existe d'autres façons de jouer celle-ci, que nous pouvons réellement commencer à comprendre et appréhender comment fonctionne le plan de réalité dans lequel nous vivons.
Bref et pour conclure, la solitude est le fondement même de ce que nous sommes, nous ne pouvons donc renier cette réalité qu'il nous sera demandé de rencontrer éventuellement dans chacun de nos parcours de Vie. Nous arrivons seul/e et quittons seul/e ce plan, hormis quelques exceptions qui arrivent ici en paire, parfois même en trio ou plus nombreux encore! Et pouvons quitter aussi en même temps que d'autres, tout dépendant des circonstances du décès.
Mais encore là, si le scénario demande à se jouer ainsi c'est très bien. Mais je demeure convaincue qu'un jour où l'autre, il y aura le deuil d'une idée à faire, qui est toujours la même: L'idée de la séparation. Or, pour que cette idée meurt, il faut parfois en passer par des périodes de solitudes et des changements importants dans nos vies.
C'est beau quand même... Songez-y.
Que nous devions nous éloigner, nous séparer, prendre du recul ou être totalement seul/e, pour réaliser qu'en fait, nous sommes tous et toute uni(e)a au sein d'une même réalité.
Cette réalité que nous sommes, cette Conscience et toute cette Vie qui se déploie au sein de celle-ci.
Alors, et seulement alors, nous pouvons réellement voir et même vivre quotidiennement que peu importe que nous soyons seul/e, nous ne le sommes jamais véritablement. Et que même si nous sommes entourés, peu importe par qui, où et comment, nous sommes également seul/e à pouvoir choisir comment nous décidons d'agir et réagir aux expériences diverses que la Vie produit et manifeste à chaque Instant.
C'est ce qui permet de demeurer souple et adaptatif à l'Instant et de vivre une Vie faite de plus de paix, d'harmonie et de compassion.
Même lorsque la tondeuse se fait entendre à 7h00 du matin...
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