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Faire les choses autrement

En ce jour d'Halloween, j'ai le goût de vous parler de costumes. Des costumes dont nous aimons à nous revêtir afin de continuer à nous faire croire que nous faisons les choses autrement.


J’ai beaucoup adressé au cours de la dernière année, les conditionnements propres aux groupes et au collectif. Beaucoup parlé de la nécessité de voir l’impact de ceux-ci sur nous, de prendre du recul et de la distance et de regarder avec tendresse et bienveillance notre besoin d’appartenance au groupe.


Mais rien de ce qui ne s’écrit, se dit et se partage ici n’a pour but de vous éloigner, vous dissocier ou vous faire fonctionner en marge de quoique ce soit. C’est important de le préciser pour moi. Parce que je n’ai aucun engouement ni élan particulier vers ce discours spirituel qui vous parle abondamment de « Nouvelle Terre », « Nouvelle Conscience » et de tout ce qui tourne autour du fait que l’humanité serait actuellement à se scinder en deux entre « gens éveillés » et « gens non éveillé »


À mon sens, il n’y a pas de discours plus élitiste et séparateur que celui-là. Mais bon, chacun/e est libre de voir les choses comme il l’entend et d’expérimenter en pleine connaissance de cause, les effets directs de ces croyances dans son vécu.


Actuellement, je suis en formation. Une formation à laquelle je me suis inscrite dans l’idée de départ de peut-être aller faire du bénévolat dans le domaine des soins palliatifs. J’ai amplement de temps à offrir et d’amour à donner. Alors, pourquoi pas là? Sauf qu’on ne débarque pas comme ça dans les maisons de soins palliatifs, les hôpitaux et autres ressources qui reçoivent des personnes en fin de vie. Le gouvernement et les institutions exigent maintenant des formations pour les bénévoles.


Cette formation confronte beaucoup l’idée de départ pour laquelle je m’y étais inscrite et à ce stade-ci, je ne sais pas du tout si j’irai ou non faire du bénévolat à l’issu de la formation D’une part parce que j’ai moi-même une proche à l’heure actuelle qui est en fin de vie et que j’accompagne, mais aussi parce que ce n’est pas là que semble me vouloir la vie. La vie à l’intérieur de moi, j’entends. Mais comme je suis rarement ailleurs que dans le moment présent, pour l’instant, je ne sais vraiment pas ce qui m’attend dans l’aspect existentiel et anecdotique de la vie après le début décembre. Tout ce que je vois, c’est qu’actuellement quelque chose dit non quand nous sommes sollicités par les formateurs quant à nos intentions sur le bénévolat, à l’issu de la formation.


Cela dit, j’apprécie beaucoup tout ce que cette formation me permet de constater ainsi que les gens et rencontres que j’y fais.


Je vois bien que je ne suis plus du tout capable de fonctionner dans des contextes d’apprentissages comme avant. Impossible pour moi maintenant d’être la bonne élève studieuse que j’ai déjà été. Celle qui prend des notes, lève la main avant de parler et tente de performer au maximum de ses capacités dans les examens. Je vois à quel point le contenu théorique, bien qu’excessivement riche et intéressant, colle difficilement à la pratique. À quel point des éléments qui sur papier sont nobles, porteurs de sens et en adéquation complète avec mes valeurs, deviennent difficiles à mettre en application dans un milieu rempli de normes et de règlements.


Le cadre est utile au groupe, j’entends cela et j’en vois l’utilité. Mais je vois aussi à quel point cela tue toute la spontanéité et les mouvements qui prennent place en chacun/e de nous lorsque nous arrivons dans l’aspect relationnel de la vie.


Un/e bénévole ne peut pas faire et dire n’importe quoi. Il n’est pas là pour remplacer le médecin traitant, la travailleurs sociale ou l’accompagnant spirituel qui sont déjà en place dans les différents milieux de soins. Il n’est pas là pour conseiller la personne en fin de vie ou lui dire quoi faire. Sa fonction est principalement d’offrir du soutien, de la Présence et de l’écoute. 


Ce qui personnellement me convient très bien. 


Sauf que…


Dans le vivant, ce n’est pas toujours ainsi que les choses se passent et la personne en fin de vie n’a pas le guide du ministère entre les mains en ce qui concerne les rôles respectifs de chacun des individus qui auront des contacts avec lui/elle. Et cela ressort dans les mises en situation que la formation nous demande de faire en petits groupes et en plénières. On nage toujours dans les zones grises de la vie, celles qui n’ont pas été prévues dans le manuel de formation en 12 modules.


Ensuite, je vois toute la distance que j’ai toujours eu par rapport au groupe. À quel point je demeure souvent celle qui arrive avec une vision qui est complètement « champ gauche » de ce qui est proposé par celui-ci. Les contradictions qui sont présentes dans les réponses, de la part même des formateurs parfois, m'apparaissent encore plus clairement qu'avant également. Mais je vois aussi les belles visions transportées par toutes les personnes de coeur qui participent à cette formation. Et j’apprécie particulièrement la richesse des anecdotes et cas réels qui sont présentés par les formateurs. Qui sont tous/toutes des bénévoles de l’organisme. Je vois le dévouement de chacun/e, l’aspiration des participants à vouloir « bien faire les choses » et le souci de tous/toutes à profondément respecter le vécu de l’individu qui est là à vivre ses derniers jours ou semaines.


Et ça, ça fait vraiment chaud au coeur après toutes ces années passées à côtoyer des gens qui rejettent les modes de fonctionnement de nos sociétés. Où tout le monde finit par être dépeint comme « un agent de la matrice ».


😅


Bon, j’exagère un peu, mais c’est quand même très fort comme courant de pensée dans les milieux spirituels. C’est ok, je n’en juge pas du tout, au contraire, je le comprends parfaitement. Lorsqu’on décolle de la tapisserie, on décolle solide. C’est normal et c’est même sain jusqu’à un certain point. Mais comme je l'ai souvent dit et écrit, ce pas de recul, ce n’est pas un nouveau lieu de résidence où se construire un nouveau monde. C’est simplement un pas de distance qui se prend, pour mieux revenir.


Revenir de façon plus authentique et porteuse de sens pour soi.


Donc, je comprends parfaitement que ça peut être long avant de voir que ce n’est pas tant ce que nous disons ou faisons qui compte. Ce n’est pas tant d’avoir le droit de dire les choses d’une telle manière ou de n’avoir pas droit de les faire d’une telle autre. Ce n’est pas non plus la motivation qui nous pousse à nous impliquer ou ne pas nous impliquer dans le monde qui compte.


C’est de demeurer présent et attentif au monde et d’accepter d’y être de façon vraie et authentique.


En accord avec nous-même.


Même si ça bouscule.

Même si ça dérange.

Même si ça ne paraît pas.

Même si ça ne donne pas les effets que nous aurions escomptés.

Même si ce n’est pas toujours vu et reconnu à sa juste valeur.

Même si les choses ne se passent pas toujours telles que nous le souhaiterions quoi.


Actuellement, il est important plus que jamais de revenir à l’importance de se relier les uns aux autres et de recréer du tissu social. À une époque où tout est remis en question et s’effondre, recréer du lien dans le vivant et s’éloigner un peu de l’isolement vers lequel nous conduisent les écrans est primordial. Ce n’est pas qu’en partageant des textes et citations inspirantes sur les réseaux que nous y parviendront. Les réseaux, le web, les algorithmes et autres tendances lourdes, que ce soit l’IA et tous les autres miracles technologiques qui viendront je n’en doute pas, ne remplaceront JAMAIS le soutien, l’écoute et la Présence.


Lorsque nous observons les grandes tendances actuelles, nous pouvons la voir cette descente dans la matière qui est à se faire, au sein même de cette société que les gens dans le milieu spirituel rejettent très rapidement. Nous pouvons voir la démocratisation de l’information ainsi que son déplacement à l’extérieur des champs d’expertise et anciennes chasse-gardées.


Dans ce contexte, chacun/e de nous sera de plus en plus appelé/e à faire comme le bénévole. 


C’est-à-dire soutenir. Soutenir un espace d’accueil au vécu de l’autre.


Être Présent. De demeurer dans la Présence peu importe ce qui est à se passer et demeurer vigilant/e à ne pas se laisser sortir de notre axe.


Être à l’écoute. À l’écoute de ce qui est en train de se jouer afin d’être en mesure de répondre de la meilleure façon qui soit pour tous/toutes et chacun/e.


La plupart du temps, tout ça peut très bien se faire à l’intérieur du cadre donné et imposé par le groupe (le groupe au sens de société on s’entend). Mais assez souvent, comme la théorie diffère toujours très largement de la pratique, ça demande de prendre le risque de sortir du cadre pendant un moment. Cela peut faire de nous un élément qui semble à première vu en opposition du système, mais pas toujours non plus. 


Dans le cadre de mon ancienne vie professionnelle, j’étais souvent perçue comme la marginale et la rebelle au départ. Mais d’une façon générale, même si je dérangeais et en irritait plusieurs régulièrement, j’étais aussi appréciée et reconnue pas mes employeurs. Reconnue pour mon sens de l’innovation et justement, ma façon différente de voir et appréhender les choses.


Être un élément de changement nécessite des ajustements constants. Beaucoup de dialogue et de souplesse ainsi que la capacité à travailler en équipe. Mais c’est faisable, je vous le confirme d’expérience. Je ne vous dis pas que c’est facile, au contraire. Je vous annonce au contraire que vous rencontrerez quand même beaucoup de défis et d’adversité. D’où l’importance de savoir s’écouter. Parce qu’il se peut qu’un jour, cela ne fonctionne plus ou que le coeur n’y soit plus. C’est alors que vous devrez quitter pour aller vous faire voir ailleurs. Le problème ce n’est pas le système et ce ne le sera jamais. C’est le degré d’écoute que nous avons les uns envers les autres dans ce système.


Vous n’êtes pas plus fort que la vie, vous ne renverserez pas le système et ne créerez pas un nouveau monde.


Vous êtes en train d’apprendre comment fonctionne la vie.


La vie nous trempe dans différents milieux pour que nous vivions des expériences, rencontrions des gens et apprenions des choses. Mais lorsque l’apprentissage est terminé et que nous avons vécu ce que nous avions à vivre, il est normal aussi que nous quittions le milieu, les gens ou les situations pour voguer vers d’autres destinations afin d’y faire d’autres apprentissages.


Et puis, arrive ce jour où vous accosterez à un port et déciderez peut-être que c’est ici que le périple s’arrête. Que vous avez assez voyagé, accumulé d’expériences et d’anecdotes de voyage et que c’est maintenant le temps de partager et transmettre le bagage accumulé au fil de tous vos périples.


Ce n’est pas parce que vous n’avez plus rien à apprendre, au contraire. Parce qu’il y a une multitude d'apprentissages en soi dans le fait de partager et transmettre. 


En fait, on pourrait trouver toutes sortes de raisons pour expliquer pourquoi cette décision se prend d’elle-même. Mais je crois que c’est surtout parce que le coeur veut faire les choses à sa façon, en étant libre des contraintes et des entraves aux mouvements naturels, qui viennent avec la structure et les impératifs imposés par le groupe.


Mais ça, ce n’est pas fonctionner d’une façon qui soit en résistance ou en opposition avec le groupe, la communauté, la société ou le monde. C’est seulement parce que c’est ce qui demande à être, la façon dont votre coeur vous guide. Ce n’est pas personnel aux gens, aux milieux ou aux situations, c’est intime à ce que vous êtes et la façon dont vous souhaitez vous exprimer et redonner… à la communauté, un groupe donné la société ou le monde.


Parce que partager et transmettre, c’est redonner. Tenter de redonner le meilleur de ce que nous sommes.


Donc, ce n’est absolument pas en réactivité ou en opposition au groupe et ce n’est pas créer un nouveau monde en marge de l’ancien non plus.


C’est contribuer aux changements dans le monde, changements qui sont le propre de la vie elle-même.


La seule chose qui ne change pas dans la vie, c’est le changement. 


Les concepts de « nouveauté » et « d’ancienneté » appartiennent à ceux qui sont encore accrochés à l’idée d’un temps linéaire et au fait de se projeter dans celui-ci à partir d’un autre concept, celui du « devenir ». C’est encore fonctionner à partir des paradigmes propres aux modes de fonctionnement de l’ego et du groupe. Il n’y a donc rien de nouveau là-dedans. C’est juste l’ego qui se revêt d’un costume spirituel.


C’est ok ÇA AUSSI. Il n’y a AUCUN PROBLÈME avec ça. Sauf qu’il faut savoir appeler un chat un chat et arrêter de se faire croire que c’est un lion.

 

Lorsque vous ne faites plus les choses pour être vu/e, reconnu/e et aimé/e du groupe, le résultat vous importe peu. Lorsque vous n’avez plus à « devenir », que ce soit devenir meilleur, plus éveillé, réalisé ou simplement reconnu par vos pairs, vous ne pouvez « qu’être ».


Être ce que vous êtes, là Maintenant. Ouvert et disponible à ce que la vie vous offre et apporte comme opportunités. 


En respect aussi de la façon dont intérieurement, vous avez envie de répondre à ce qui se présente et s’offre.


Dans la vie, vous n’avez qu’une seule responsabilité. Soit celle de dire OUI à la vie. À la vie en vous d’abord et ensuite à la vie à l’extérieur de vous. Or, tout le monde le sait, un NON aux autres, c'est parfois un OUI à soi. Mais encore là, graduellement la frontière entre l’intérieur et l’extérieur s’effrite et finit par disparaître là aussi.


Lorsque les choses partent du coeur, c’est vivant


Or, la vie trouve toujours son chemin.


Et si un jour vous voyez que vous êtes le chemin, alors là c’est merveilleux! 


Parce que dans le Maintenant, il n’y a plus nulle part où aller et rien de particulier à faire que d’être ce que vous êtes, le plus authentiquement possible.


Amrit

 
 
 

2 commentaires


Sylvie G.
Sylvie G.
31 oct.

Allo, j'avais écrit un texte et il a disparu, bon et bien je vais en pondre un autre. Je ne suis pas du genre collectif et nouveau monde, la mode ne m'a jamais intéressé et ce que le voisin pense de moi, je m'en fiche éperduement, ce qui me donne beaucoup de temps m'éclater en apprentissages variés, parfois ça se change en perte de temps, mais la plus part du temps j'en retire des éclaircissements sur le fonctionnement de la société en général.


Je me sens vraiment en marge comme toi, et pourtant j'ai le coeur tout grand ouvert prête à aider, toujours en mode solution. Dans un proche avenir, nous deviendrons des bénévoles numéro 1 sans attente, et j…


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En réponse à

Bah, je sais pas pour l'autre texte, mais celui-ci est très bien! Oui, le fameux « small talk » en société. On ne peut pas l'éviter, faut apprendre à faire avec. Je me suis aperçue avec le temps, que cela a du bon aussi parce que toujours être dans la profondeur, ça aussi ça vient lourd, pour l'avoir beaucoup expérimenté au cours des dernières années! 😅 Il est essentiel aussi à mettre les gens en confiance parfois. Mais, c'est certain qu'au bout d'une heure ou deux, quand le même disque recommence à tourner dans un autres format, oui, l'envie d'aller se faire voir ailleurs peut nous prendre!

Merci encore une fois de ta présence ici et de ton partage qui…

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