La vie c'est comme une boîte de chocolats
- dianegagneamrit
- il y a 5 jours
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Déjà la mi-novembre. Je suis là, devant mon clavier, avec un niveau d'inspiration qui n'est pas à son top, à devoir vous écrire un texte. Parce que je me suis engagée à vous écrire de façon bi-mensuelle. Réalisant soudainement que ça fait vraiment parti de mes vieux réflexes que de m'imposer un rythme comme je le fais, de vous écrire à une certaine fréquence.
Est-ce que cela respecte mon rythme naturel, est-ce que cela est en accord avec l'énergie du moment?
Pas nécessairement.
Mais vous savez quoi?
C'est ok ça aussi.
Parce que nos rythme sont changeant. Ils fluctuent en fonction de cycles dont nous ne sommes pas tributaires. Aussi, s'il faut de façon fondamentale apprendre à les écouter, il faut aussi parfois accepter le fait qu'ils seront bousculés. Nous ne sommes pas des plantes vertes après tout! Mais encore là... Même les plantes sont parfois bousculées dans leur rythme.
Cette réflexion m'est venue suite à l'hiver hâtif qui nous est tombé dessus ici au Québec. Un hiver qui bouscule un peu tout le monde. Hier, je suis allée marcher en forêt. Dans un très beau sentier montagneux, recouvert d'une épaisse coucher de neige lourde et humide. La neige idéale pour faire de beaux gros bonhommes de neige dodus, parce que très collante. J'avais apporté mon appareil photos, pour la beauté des paysages que cette neige créée. Vous savez ces branches lourdes et molles recouvertes de neige qui pendent sur des sentiers encore un peu boueux par endroits? C'était effectivement magnifique...
Mais ce n'est pas cet aspect de la nature qui m'a le plus interpellé, non.
Ce qui m'a interpellé, c'est le silence de la forêt.
Une forêt, ce n'est jamais vraiment silencieux habituellement. Il y a toujours un chant d'oiseau ici et là, un petit frémissement de feuilles furtif qui vous laisse deviner la présence d'une petite bête à quelque part. Mais hier, rien du tout. En deux heures et demie de randonnée, j'ai entendu le chant d'une mésange qui a duré quelques secondes. Peut-être voulait-elle avertir ses congénères de ma présence? Mais hormis ce chant solitaire, rien. Le silence absolu. Que le bruit de mes pas et de ma respiration qui venaient troubler cette absence de sons. Un silence qui semblait tout recouvrir, comme la neige. Pourtant la vie était là et je pouvais quand même en voir quelques signes. Notamment celle d'un lièvre qui semblait avoir déjà balisé mon sentier, comme pour me guider. Même pas besoin d'observer les balises sur les arbres, mon petit ami sautillant avait déjà ouvert la voie.
Vous comprendrez donc que même si j'ai pris de belles photos de paysages, dont celle qui accompagne ce texte, je n'ai eu aucun animal à photographier.
Parce qu'eux aussi ont été pris par surprise par cet hiver qui les a forcés à se hâter dans leurs préparatifs. Que ce soit pour amasser de la nourriture ou terminer la confection de leurs abris pour l'hiver. Même les écureuils, si actifs à ce temps-ci de l'année, brillaient par leur absence.
Casser le rythme, c'est sortir d'une certaine forme de routine qui finit par relever du connu. C'est un peu ce que la nature nous enseigne lorsqu'elle nous prend par surprise comme elle l'a fait. Elle nous enseigne à ne rien prendre pour acquis et à ne pas s'habituer à se reposer sur le passager et l'éphémère. La vie c'est magnifique, c'est grandiose mais c'est aussi toujours changeant.
Or, si c'est vrai dans la nature, c'est vrai en nous également.
Dans ce qu'il est convenu d'appeler le milieu de l'enseignement spirituel on vous répètera fréquemment que comme rien ne dure dans la vie, il faut savoir se tourner sur ce qui ne change jamais en nous. Cette fameuse conscience, dans son aspect Absolu, celui que tout le monde revendique ou prétend avoir réalisé.
Mais nous ne pouvons véritablement réaliser ce que nous sommes déjà.
Nous ne pouvons que l'incarner et devenir un peu plus conscient.
Continuellement.
La « Réalisation » c'est un phénomène ça aussi. Quelque chose de furtif qui disparaît aussi vite qu'elle est arrivée. Mais comme nous aimons à nous accrocher, nous aimons à la ramener encore et encore avec ça. Et tout un tas d'autres choses également... Aussi nous nous retrouvons avec un marché maintenant sursaturé de gens qui se vendent au moyen d'une simple prise de Conscience déjà reléguée à un souvenir aussi irréel que tout le reste...
Ce qui reste et ne change pas, fondamentalement, c'est le changement lui-même.
C'est la Vie, pas la Conscience.
La Conscience est impalpable et non manifestée. Sa manifestation la plus éloquente c'est la Vie. Et nous, dans tout ça, nous sommes à l'image de la dualité de ce monde: Des êtres hybrides.
Fait de parts manifestées et non-manifestées. Conscientes et inconscientes.
Je comprends les raisons qui soutiennent le fait que le milieu de l'enseignement vous ramène toujours à la Conscience. Je n'en juge donc pas, parce que cela a son utilité également. Je dis seulement que c'est loin d'être une finalité et que ce qui cloche dans tout cela, ce n'est pas l'enseignement en lui-même. Mais plutôt le pinacle sur lequel sont placés les gens qui le prodigue. Cela dit, cet apparent problème ne relève pas toujours de l'enseignant/e, au contraire. Il provient bien plus souvent de la clientèle qui les élèvent bien trop rapidement au rang de stars dans leur domaine. Mais comme tout ce qui monte finit par redescendre, on peut voir aussi la volatilité d'un phénomène qui passe lui aussi, de plus en plus rapidement dans un marché qui demeure axé sur la consommation. On consomme les enseignements et les enseignants comme tout le reste: Comme du jetable et du périssable.
Mettre quelqu'un sur un pinacle c'est excessivement dommageable pour qui se commet à cet exercice. Parce qu'un jour ou l'autre, vous aurez à pousser cet individu en bas du trône où vous l'avez placé. Cette partie de vous qui se commet à cet exercice, cet enfant intérieur qui se cherche encore un modèle parental, doit grandir et prendre en maturité. Or, lorsque cela est fait, il n'y a plus de hiérarchie verticale qui tienne.
Il ne reste que la verticalité en soi.
Une verticalité prête à se redéployer dans la vie. À assumer son incarnation et ses aspects toujours changeants, avec une vitalité renouvelée.
Dans un vécu direct, rien n'est saisi ou récupéré. Tout est vécu tel que cela doit être vécu dans le Maintenant. Avec ou sans regard particulier sur les situations, tout ceci importe peu. Ce sera toujours tel que cela doit être.
Ce sera toujours changeant.
Parce que c'est ainsi qu'est la Vie.
C'est ainsi que nous sommes voulus.
Comme des créatures adaptatives et en évolution.
Mais nous aimons à saisir et figer les situations et les gens. Parce que cela rassure et nous donne l'impression de comprendre une réalité qui ne peut être réellement comprise. Seulement vécue...
Dans un vécu direct, il ne peut plus y avoir de réalisation, d'éveil pas plus que d'êtres réalisés ou éveillés. Il peut y avoir les réminiscences d'un passé où il s'est passé tout un tas de choses, dont ça. Mais comme pour tout le reste, il n'y a plus lieu de s'assoir ou se reposer sur ça pour se bâtir un capital ou une renommée quelconque. Cette façon de procéder appartient à l'être qui vit encore dans la séparation. À l'être qui doit encore revendiquer quelque chose, que ce soit un rôle ou une identité pour avoir un sentiment d'appartenance. Appartenance au monde, à un groupe, une situation. Encore là, peu importe.
Vous avez été endormi/e, vous avez été éveillé/e, soit.
Mais qu'est-ce que vous êtes, là, dans le Maintenant?
Joyeux/euse, triste, en paix, affamé/e, dans l'excitation ou l'ennui suprême? Surpris/e vous aussi par cet hiver qui nous est tombé dessus? En perte de repères, ne sachant plus trop où vous en êtes dans votre vie ou au contraire, en pleine clarté du chemin qui s'ouvre devant vous?
C'est ça qui est intéressant, c'est ça qui est vrai!
C'est qui se joue dans votre Maintenant. Mais c'est SURTOUT la façon dont vous pouvez répondre à ce qui se présente dans votre vie.
C'est ça la réalisation ultime.
Celle de réaliser que peu importe ce qui se présente, je peux choisir la façon dont j'ai envie de vivre ça.
Dans la résistance ou dans la fluidité.
Vous pouvez même être dans la fluidité de résister... 😅
Tout est possible quand on voit que les surprises de la vie ne sont en fait que des opportunités et des invitations. À changer notre regard. À écouter autrement. À revoir le narratif et considérer les choses autrement.
À (se) transformer.
C'est ça qui fait de nous des êtres créateurs. C'est l'immense pouvoir de transformation que nous possédons par le simple fait de voir et écouter autrement.
Bien sûr, parfois on peut être fatigué du changement et avoir envie de se reposer.
C'est ok ça aussi.
Des occasions de repos, il en viendra aussi, ne vous en faites pas. Si vous écoutez comme il faut, que vous suivez les rythmes vous verrez que les moments de repos sont même parfois plus fréquents que les moments d'action! Le problème ne se situe donc pas dans le niveau d'adaptation continuel que nous demande la vie, mais plutôt le fait que nous cherchons toujours à contrôler le rythme et diriger le tempo.
Comme lorsque je vous annonce que je vais vous écrire deux articles de blog par mois.
Oui, c'est ce que « le petit je » voudrait. Parce que le petit je a été habitué à ça: À vouloir.
L'ego n'est pas une entité, une vilaine petite personne en chacun/e de nous, non. C'est un mode comportemental fait d'habitudes. C'est tout et c'est rien de bien vilain. Aussi, c'est ok de vouloir vous écrire deux articles par mois. Mais c'est ok si jamais un mois, je décide d'en écrire juste un ou au contraire, si je décide de vous en écrire 3. En bout de ligne, c'est vous qui disposez de ce que j'offre. Alors, que j'en écrive 1 ou 3, je n'ai aucune foutue idée si vous déciderez d'ouvrir ou non le mail que je vous envoie et d'aller les lire.
Donc, il est où le problème?
Il est dans ma tête, de la minute que je décide d'en faire un problème. Parce que c'est la tête, c'est le mental qui aime à se créer toutes sortes de problèmes.
Mais vous savez quoi? Ça aussi c'est ok. Parce que le petit je, il a besoin de sentir qu'il a de l'importance. Le problème, c'est pas ce besoin d'être vu et/ou reconnu, qui en passe toujours par une question d'attention et d'importance.
C'est le degré d'importance qu'on s'accorde et le niveau d'attention qu'on revendique.
Et ÇA, c'est quelque chose qui doit être examiné très attentivement dans une société où tout le monde a maintenant l'opportunité d'être vu. Dans une ère où nos réseaux d'informations déploient de nouvelles potentialités toujours encore plus grandes de se faire voir, connaître et diffuser notre message, notre art ou toutes les autres formes de créativité dont l'humain est capable, il est impératif plus que jamais de retrouver un équilibre et un juste milieu dans la place que nous cherchons à prendre dans tout ce cirque.
Le petit je s'accorde toujours beaucoup trop d'importance. Ce qui fait que dans un monde où l'individualisme prédomine, les gens en ont rien à foutre de ce que vous faites ou êtes. Parce que le regard est continuellement tourné vers ce petit je et que si cela peut être bon pour une démarche d'ordre introspective et/ou spirituelle, un jour, le regard doit se fondre dans le tout. Pour voir qu'il n'est dissocié de rien, et surtout pas de son prochain. Mais tant que cela ne s'est pas concrètement produit, les gens sont beaucoup trop pris dans les problèmes créés par leur mental... Jusqu'à ce qu'ils soient dérangés ou interpellés d'une manière quelconque par vous. Donc, à moins que vous n'exacerbiez leurs peurs ou leurs promettiez de leurs offrir ce qu'ils désirent ou convoitent, l'intérêt et la curiosité pour l'autre, perd du terrain à la mesure que grandit le territoire du numérique.
Ce numérique qui au départ devait nous fournir de l'information, devient une tribune pour se faire voir et connaître. Ce qui renforce le sentiment d'être une entité à part entière séparée de son prochain. C'est là que nous sommes rendus, c'est ça la réalité. Dans un contenu de plus en plus pauvre en informations mais de plus en plus riche en fabrication d'image. Or, le petit je ne vit que pour l'image, le paraître et la superficialité des choses. Encore là, ce n'est pas vilain, c'est une question d'habitude. C'est ainsi que nous avons appris à comprendre les choses et voir la vie: Par les apparences, la matérialité et ce que nous voyons en surface.
Ce que nous faisons, nous devons d'abord le faire pour NOUS. Parce que nous suivons notre guidance intérieure et qu'en cela nous continuons à cheminer sur notre propre route. Il ne sert à rien de résister à la façon dont se joue la partie en ce moment ou pire, vouloir changer quelque chose qui doit suivre sa course et son mouvement. Tout se tourne encore vers le renforcement du sens du moi. Parce que ce moi est souffrant et qu'il cherche mille et une façon de continuer à éviter de se ressentir dans ses parts plus inconfortables.
Mais ce n'est pas parce que le mouvement va dans cette directions que cela en fait une généralité pour chaque individu rencontré. C'est une tendance générale, ou mouvement de masse, c'est tout. En outre, cela ne veut pas dire que nous n'aurons pas de surprises pour autant... Parce qu'il arrive aussi ces moments, où comme cet hiver qui nous prend par surprise, nos actions ont des retombées positives et inattendues que nous n'avions pas envisagées. Mais d'attendre ou de compter là-dessus en cette ère de nombrilisme grandissant, y compris dans l'industrie spirituelle, c'est quelque chose qui peut beaucoup diminuer la joie que vous aviez peut-être au départ à vouloir partager et transmettre.
Partager et transmettre c'est normal et naturel pour l'être que nous sommes, parce que l'humain est une créature relationnelle. Mais c'est aussi recouvert de beaucoup de voiles et de peurs qui ne relèvent pas de la pureté et la noblesse de ce qui se trouve à la Source de cet élan naturel.
Être sans attentes c'est joyeux, parce que cela emporte toujours des surprises et des inattendus. Au départ, certains vous paraîtront désagréables et d'autres agréables. Mais plus le temps passera, plus cela perdra ses teintes et couleurs polarisées. Une surprise sera une surprise.
Une surprise, c'est toujours une invitation.
Une invitation à demeurer frais, ouvert et dans la curiosité.
C'est un rappel de la vie à ne pas vous enliser dans les routines et le connu.
Je terminerai donc ce texte avec cette citation qui a inspiré le titre de mon texte, parce qu'elle reflète cela.
Citation qui revient à la très sage maman de Forest Gump, dans le film du même nom:
La vie c'est comme une boîte de chocolats. Nous ne savons jamais sur quoi nous allons tomber.
Tout plein de tendresse pour vous,
Amrit



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