En spiritualité, on parle beaucoup de « Présence ».
« Ze » Présence. La fameuse Présence...
Nous faisons parfois des amalgames qui créent une sorte de confusion entre présence, attention et conscience. Selon le texte, la volonté de son auteur/e et/ou le contexte, être « conscient » peut vouloir dire être présent, être attentif, etc. En anglais, la distinction entre « awareness » et « consciousness » permet d’éviter cette confusion.
Dans un tel contexte, peu s’en faut pour que Dieu soit associé à la Présence. Si nous ajoutons à cela le fait que nous sommes à une époque où Dieu a été « détrôné » par une Conscience qui représente un concept beaucoup plus neutre et moins chargée de sens, il est normal qu’une certaine confusion s’installe lorsque vient le temps de déterminer ce que nous entendons par chacun de ces termes, dans un contexte spirituel.
Dieu ne peut pas être la Présence puisque Dieu est une « Absence ».
Dieu est absent de ce monde, parce qu’il en est le créateur. Il donc imperceptible pour ce qu’il créer, bien qu’il soit le substrat inhérent à toute création. Donc à la fois inséparable et indirectement présent au cœur de celle-ci.
Mais parce que ce monde est une émergence créative permanente qui ne vise qu’à se réabsorber en elle-même, Dieu s’EXPRIME à travers le jeu de formes en mouvement qu’est la Vie.
D’où le fait que l’idée du VERBE ait été associée à Dieu.
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu »
- Jean 1, 1-2.
C’est un mouvement d’expression créatrice ce truc-là.
Par conséquent, c’est nous qui rendons Dieu vivant à travers ce que nous sommes, ce que nous exprimons en termes de création et ce que nous en faisons en terme d’idée. Il est donc juste, à quelque part, de dire que c’est nous qui créons Dieu, en ce sens que nous en faisons bien ce que nous voulons. Comme concept, comme forme, comme « personnage ».
Mais comme il s’agit d’une réalité imperceptible, pour nos sens grossiers, Dieu demeure finalement un Mystère pour l’humain.
L’expression qui dit que « Dieu brille par son absence » est tout à fait juste. Parce que dans le vécu « intérieur », c’est lorsque nous sommes absents à nous-même que Dieu brille de toute sa lumière. Lorsque rien ne fait obstacle à l’expression de notre être, non seulement nous pouvons être « nous-même », tels que nous avons été voulu et créé, mais pouvons également exprimer la Vérité de l’Instant et nous ouvrir à un vécu différent.
Notre humanité est l’écrin dans laquelle la lumière de l’âme est déposée. Le contenant peut masquer le contenu au regard qui ne s’attarde qu’à la superficialité des choses, mais il n’enlève rien à la valeur inestimable du joyaux qui y est contenu.
Lorsque nous acceptons pleinement ce que nous sommes, dans toutes les facettes de ce que nous sommes, au niveau de notre humanité tout autant qu'au niveau de l'âme, la paix en nous advient. Nous créons alors l’unité et l’harmonie en nous. Nous permettant de faire UN avec la manifestation première de la Conscience, qui est l’énergie de Vie qui nous anime.
ÇA, c’est la Présence.
Cette manifestation imperceptible pour les sens grossiers mais perceptible au niveau subtil qui irradie et se déploie à partir de notre être est la manifestation de notre Conscience d’être. C’est elle qui amène le sentiment de complétude et de joie. C’est cette puissance de Vie qui une fois redressée dans son axe ouvre le coeur et fait taire le mental.
Lorsque nous sommes en pleine union avec toute la Vie, nous sommes dans un état de Présence permanent à l’égard de celle-ci. Dans une attention qui est dénuée d’effort à ce que les choses soient autrement que ce qu’elles sont. Et lorsque nous sommes dans cet état-là, le petit personnage limité et souffrant, avec ses drames, ses scénarios, ses efforts et sa volonté à vouloir contrôler ou se protéger, ben… il s’oublie.
Absent à nous-même, nous devenons à l’image de Dieu. Notre grandeur peut alors se révéler et Dieu briller de toute sa lumière à travers la simple Conscience d’être que nous sommes.
Dieu est absent de ce monde et pourtant présent au cœur de nos potentialités. Mais celles-ci ne peuvent se manifester que s’il existe en nous cette recherche ardente de Vérité et ce désir de vouloir dépasser nos limites.
Tout est toujours question de curiosité et d’ouverture.
La quête spirituelle est un paradoxe. Elle est ce refus du convenu et de l’ordinaire de la Vie qui fait naître une souffrance ou une quête qui nous amènera graduellement ou rapidement à nous ouvrir à notre réalité intérieur. Or, c’est lorsque nous le faisons, que nous nous donnons la chance de voir les illusions sur lesquelles se fondent notre existence. Y compris lorsqu'il s'agit de toutes les croyances et idées préconçues au sujet de Dieu. L'effondrement salutaire qui survient lorsque nous voyons toutes les opinions et prétentions sur lesquelles nous nous reposions pour donner un semblant de cohérence à notre existence, est ce qui nous donne enfin la possibilité et la légitimité de nous oublier.
C’est merveilleux…
Parce que chaque fois que nous nous oublions, nous ouvrons une porte afin que Dieu puisse entrer et s’exprimer…
À travers nous.
Comentários