Revenir à l’essentiel
- Amrit

- il y a 6 jours
- 21 min de lecture
En ce moment tout dans ma vie me ramène à l'essentiel.
Je deviens l'aidante naturelle de ma maman et cela me demande beaucoup plus que je ne l'aurais imaginé à prime abord. Je savais que ce jour viendrait, de par mon statut d'enfant unique et je croyais y être préparée. Mais je découvre que les enjeux de fin de vie sont parfois mystérieux et insoupçonnés. Ce sont les siens, bien sûr. Mais le niveau d'intrication entre elle et moi à travers ceux-ci, ça je ne l'aurais pas imaginé se jouer à la façon dont il est à se jouer à ce moment.
À travers sa fin de vie, c'est toute la période précédant et suivant la mort de mon père qui se rejoue.
Le cancer fulgurant de mon père ainsi que l'âge que j'avais au moment où il en fût atteint, ont fait en sorte que la maladie, la mort et tout ce qui en suivit, s'est produit à la vitesse de l'éclair. En moins de 6 mois tout était bouclé, la chimiothérapie, la pente qui se dévale à toute vitesse jusqu'à l'agonie et enfin la mort. Les cendres de mon père placées dans une urne qui fût enfouie bien profondément en terre au cimetière. Pas de salon funéraire, pas d'exposition, une brève cérémonie à l'église et un petit goûter au centre communautaire. Telles étaient les volontés de mon papa. Et moi dans tout ça, du haut de mes 16 ans qui essayait de suivre le rythme et vivre en parallèle la vie d'une adolescente ordinaire.
Ce que je n'ai jamais été. Mais Dieu m'en est témoin: J'ai essayé... Tellement essayé!
C'est tout récemment seulement que j'ai appris que le deuil chez les enfants et les adolescents portent des caractéristiques différentes du deuil chez l'adulte. En raison du fait qu'ils sont en plein développement et soumis à une maturité neurologique (notamment celle du cortex préfrontal), qui atteint son apogée seulement vers le milieu, voire la fin de la vingtaine selon les auteurs.
L'histoire de l'humain se construit dans l'enfance et l'adolescence. Celle-ci détermine plusieurs modes de fonctionnement, une base comportementale qui s'ajoute aux fondements de l'être, qui porte déjà à la naissance des caractéristiques innées. À cette histoire, s'ajoute ensuite des expériences de vie vécues dans l'âge adulte. Qui sont là pour nous permettre de continuer à apprendre autrement mais surtout par nous-même.
Un apprentissage différent de l'enfance où les apprentissages se font par observation, imitation et autres sources d'influences parentale et/ou scolaire.
Lorsque le cerveau atteint sa pleine maturité, l'adulte devient alors apte à mieux traiter l'information et l'intégrer adéquatement dans son bagage de vie. Mais l'enfant et/ou l'adolescent qui vit des expériences dites traumatisantes ou à fort impact émotionnel, n'a pas tous les éléments pour intégrer ces expériences. Le temps d'intégration sera alors étalé sur une période beaucoup plus longue, voire toute sa vie.
Elles sont parties intégrantes de son histoire.
L'histoire d'une blessure profonde et plus longue à guérir.
Cette compréhension, je l'ai eu lors de ma formation en soins palliatifs où un module complet était consacré au deuil chez l'enfant et l'adolescent. À travers ce module j'ai pu constater à quel point cet aspect de ma vie a été vécu de façon tout à fait inadéquate et inappropriée aux besoins d'une adolescente de 16 ans. Une maladie trop rapide pour que je puisse en vivre les différentes étapes, pas de réel espace sécuritaire pour parler de ce que je vivais et un rituel de passage fait à la sauvette.
Le tout placé dans un contexte d'un autre passage: La fin du secondaire et les choix d'études supérieures et/ou d'orientations professionnelles qui viennent avec.
Le tout s'est joué dans une perte de repères totale, à avancer dans tout ça comme une sorte de zombie, qui a fait des choix bien aléatoires et inconscients. Le refoulement émotionnel auquel j'ai dû me soumettre a aussi orienté par la suite la façon dont se géreraient celles-ci dans l'âge adulte. Bref, tous les ingrédients étaient là pour me conduire au diagnostic en santé mentale après lequel j'ai couru une bonne partie de ma vingtaine.
Tout en moi appelait à l'aide et au soutien.
J'ai beaucoup écrit au cours des derniers mois sur les initiatives que j'ai pris en regard de mes activités. J'ai écrit également quant au retrait que j'ai effectué à l'égard d'un milieu spirituel qui est loin pour moi d'avoir rempli les promesses qu'il vend. Vous savez tous/toutes maintenant que je n'ai pas choisi le chemin spirituel. Je ne suis pas une « truth seaker » comme on dit.
J'étais naturellement immergée dans la dimension spirituelle de la vie lorsque j'étais enfant, parce que je m'y sentais bien et que cela était en cohérence avec qui j'étais et ce que je portais déjà en moi de façon innée. Et même si cela me rendait marginale ou me mettait parfois à l'écart de mes pairs, je n'en ai pas réellement souffert avant le début de l'adolescence. Ensuite, après la mort de mon père, je me suis éloignée de tout ça pour aller vivre ma vie autrement: Pour tenter de survivre à tout ce que l'adolescence m'avaient exposée.
Donc, lorsque j'ai été lancée tête première à nouveau dans ce milieu, j'ai eu la très grande naïveté de croire que je pourrais peut-être enfin y trouver des gens qui partageaient des choses qui étaient là en moi. Des choses avec lesquelles je renouais avec tout autant de plaisir que de souffrance. Mon niveau d'attentes était beaucoup trop élevé. À l'image de l'adolescente qui aurait aimé trouver un espace d'accueil à quelque part, suite au décès de son papa...
Partant d'un espace d'amour blessé, les choses ne pouvaient malheureusement que se passer à l'image de tout ce qui s'était joué jusque là: Avec rejet et fermeture.
Je me suis fermée et ne me suis plus beaucoup écoutée après son décès. Le milieu spirituel n'a fait que me le montrer à travers sa rigidité idéologique ainsi qu’un manque flagrant d’intérêt et/ou d’écoute quant à la vision que je tentais d'y apporter.
Je devais donc m'ouvrir à moi-même de nouveau, m'accueillir et sortir de mes propres idéologies. M'affermir par la guérison et me soutenir sans l’aide extérieure tant recherchée. Développer le courage de transmettre une vision qui cherche à se véhiculer d'elle-même depuis le début. Je devais embrasser mon unicité, ma singularité et même ma marginalité. Afin que toutes les parts de ce que je suis puissent se mettre au service de Cela.
Cet exercice, personne ne pouvait le faire à ma place. Aucune communauté. groupe ou accompagnant/e n'aurait pu me l’épargner, l'accélérer ou le ralentir. Certain/e/s m'ont ponctuellement tendu/e/s des mains et je ne prétends pas n'avoir eu aucune aide dans ou de ce milieu. Mais elles ont été tout aussi parcimonieuses que brèves.
Vient un temps où vous réalisez que vous n'avez plus besoin du groupe ou de la communauté de la même façon. Que ce soit pour vous supporter ou que ce soit pour être en lutte et en résistance face à ceux-ci. J'ai projeté autant d’espoirs que de frustrations sur le milieu spirituel. Mais aujourd'hui, les uns et les autres sont morts et je n'éprouve qu'indifférence et lucidité face à celui-ci. Ce qui me permet d'en dresser des constats beaucoup plus tranchants c'est vrai. Je n'ai plus aucun scrupule à le faire, parce que je n'attends plus rien de ce milieu. Mais ces constats sont complètement dénués d'émotivité. Parce qu’ils ne proviennent plus d’un espace blessé mais bien d’un espace de clarté.
Mes émotions reviennent à l'essentiel, elles aussi. Je n'ai plus d'énergie à perdre en ressentiment ni en espoirs. Je n'en ai plus pour nourrir les histoires, scénarios et croyances des autres non plus. S'ils veulent se faire croire être arrivés quelque part, grand bien leur en fasse. Si vous les croyez, c'est la même chose, je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez.
Tout le bonheur que chaque humain mérite.
J'ai bien assez de mon histoire, dont je m'occupe avec le plus de tendresse et de douceur possible.
Je prends le temps de vivre un deuil blanc de ma mère, que je perds par petits bouts à chaque hospitalisation. Je tente d’honorer le mémoriel restant entre elle et moi. Mémoriel qui n'a pas toujours été empreint de tendresse, de part et d'autre. Il y a beaucoup de douceur à mettre dans chaque geste qui nous portent l'une vers l'autre en ce moment. Ce qui n'est pas chose aisée, lorsque la personne devant vous disparaît progressivement. Ne laissant qu’un passé dont les souvenirs communs sont très différents et par moment, impossibles à réconcilier.
Tout mon passage à travers l'épopée spirituelle me paraît être comme une sorte de rêve aujourd’hui. Un rêve complètement déconnecté de la réalité. En partie fait de beaucoup de mécanismes de fuite au départ, en partie fait de souffrances bien réelles par la suite. Qui elles aussi, sont aujourd'hui vues comme ayant été bien illusoires. Mais tant de travail d’intégration a été fait que la vision que je porte quant à la vie passée a dépassé le cap où l’on croit encore que les choses auraient pu se jouer autrement. Ce qui serait une autre histoire, qui pourrait elle aussi générer beaucoup de souffrance émotionnelle inutile.
Non.
Tout ceci est mon histoire. Une histoire qu'on me demande de continuer de rencontrer et d'honorer à chaque instant. Une histoire qui est source de tellement d'apprentissages!
Ces apprentissages, j'ai l'impression de les intégrer à la vitesse de l'éclair depuis une dizaine d'années. Comme si la boucle de mes 16 ans voulait se rejouer avec la même manière et qu’on cherchait à récupérer le temps perdu. Pourtant je n’ai plus le sentiment d’avoir perdu mon temps… Au départ, c'est le corps qui peinait à suivre tout cela. Aujourd'hui, les choses se sont complètement transformées à ce niveau. Même si actuellement oui, je me sens un peu plus fatiguée qu'à l'habitude et que je me fais souvent surprendre par des micro-vagues émotionnelles inattendues auxquelles ne se greffe aucun mémoriel particulier.
Je n'ai plus besoin de me rappeler et pleurer la mort de mon père. Cet aspect a été revisité dans les 3 premières années du processus. J'ai simplement besoin de laisser le corps s'en libérer. Parce que lui se souvient encore de cette période. C'est pourquoi le gros du travail en ce moment est beaucoup plus énergétique qu’émotionnel. Qu’il me demande de ralentir et de prendre le temps de vivre chacune des étapes vécues par ma mère dans son processus de fin de vie à elle. De vivre les émotions reliées à la perte graduelle de mon dernier parent, au fur et à mesure, en prenant le temps de savourer chacune de celles-ci.
De respecter son rythme et de marquer mon pas sur le sien.
Même si cela est par moment exigeant, c'est aussi magnifique. Je suis remplie de gratitude pour l'intelligence du vivant et de la Shakti.
Parce qu'elle m'enseigne encore et toujours plus sur ce magnifique processus qu'est la Kundalini. Je comprends ce processus avec une finesse et une précision quasi-chirurgicale maintenant. Mais encore là; ce n'est pas mon intellect ou mon mental qui le comprennent. C'est le corps. À chaque pan de mémoire d'histoire humaine adressée dont je me détache, correspond l'éveil d'une mémoire plus ancienne; celle d'avant.
D'avant cette vie.
Le corps se souvient de tellement de choses que je ne peux traduire en mots! Il a tout vécu; le passé, le présent comme le futur. Le cellulaire s'éveille d'une façon telle que tout pétille et vibre avec une intensité différente et je me sens remplie d'un savoir ancestral que je ne peux expliquer clairement, à moins que l'on ne m'interroge sur un sujet précis. C'est très étrange ce qui se vit actuellement, mais cela me ramène à l'essentiel là-aussi. Quelque chose d'aussi vieux que l'univers vit dans nos cellules. Quelque chose qui relève de l'ordre d'un mémoriel « autre ».
Autant j’ai vécu du doute, de l’incertitude et de la peur au départ, autant aujourd’hui je n’ai plus de craintes ni d’insécurités quant à ce que j'ai à faire, dire ou transmettre. Aucune honte quant à la vulnérabilité et la sensibilité dans lesquelles je suis souvent placée et aucune peur de l'inconnu. Je réalise que ce n'est pas moi qui choisis de parler d'éveil de Kundalini ou de Shakti. C'est cette dernière qui s'auto-révèle de plus en plus à travers un chemin initiatique qui est bien au-delà de ce que j'aurais pu en appréhender au départ.
C'est « elle » qui veut se véhiculer et transmettre un savoir immémorial, qui a besoin de s’actualiser dans une époque qui tourne beaucoup autour de l’accès au savoir et à l’information.
C’est elle qui me porte dans ce que je fais ou ne fais pas.
En fait, elle m’amène, du moins sur le terrain de la spiritualité, à en faire de moins en moins auprès de la clientèle-type de ce marché.
Je vis ma vie, au quotidien, sans grande planification. En ce moment, j'intègre des aspects au niveau vibratoire qui me demandent de revenir à l'essentiel et de nourrir ma créativité. Je peins beaucoup, je joue de la guitare, commence le violoncelle en janvier. Je continue d’écrire bien sûr puisque c'est mon médium d'expression artistique principal. Je m’amuse beaucoup avec un petit calendrier de l'avant poétique, que je fais sur Substack actuellement. À tous les jours jusqu'au 24 décembre j'y publie un petit poème accompagné d'une photo. J'aime beaucoup la poésie même si je suis loin d'en être une experte! Je m'amuse à jouer avec les rimes et les mots, tout simplement.
Par moment, j’avoue que j'aurais presque envie de tout arrêter en ce qui concerne mon site web. Le fermer et cesser d'offrir newsletters, blog et autres services. Conserver seulement la maison d'édition et mon activité sur Substack. L'offre de services d'accompagnement de groupe, même sans planification événementielle ou calendrier, me paraît, dans le contexte actuel, tellement inutile. J'en ai parlé dans mon dernier texte lorsque j'ai parlé du Satsang, alors je ne m'éterniserai pas sur le sujet, mais... À quoi bon? C'est souvent ce que je me dis. Qui est encore intéressé aujourd'hui? Dans un monde de vitesse où les gens font un copier-coller du reste de leur vie dans la spiritualité, qui est encore réellement intéressé par le processus lui-même ?
Le gens veulent des résultats !
Cheminer vite, guérir rapidement, courir et magasiner après les outils, les méthodes et les accompagnants, c’est ça qui intéresse les gens. Les marchands sont entrés dans le temple. Le « mind set » du développement personnel a envahi la sphère spirituelle et c’est à qui promet le plus de résultats probants au meilleur rapport qualité/prix possible. Les gens sont aussi fauchés que pressés et dans ce contexte, tous ces gens pris dans leur phase hypnagogique à vous vendre l'éveil comme la solution à tous vos problèmes, deviennent des marchands de rêve très attrayants.
Les gens cherchent des résultats pour quelque chose qui pourtant invite à la lenteur, à l’introspection et à l'absence totale d'attentes. L'invitation est d'une simplicité désarmante: Embrasser chaque moment de la vie comme si c’était le premier et le dernier. Parce que Shakti aime la vie, elle veut la goûter et en célébrer le caractère sacré.
Tout est une invitation à honorer et s'incliner devant le vivant.
Pas à consommer la vie...
C’est tellement évident pour moi maintenant tout ça.
Si j’y allais seulement avec l’esprit, je conclurais que ce que j'offre n'a aucune place ni aucune pertinence dans les propositions qui sont vendues actuellement.
Mais mon coeur, me dit autre chose.
Il me dit d'être patiente, de laisser le temps aux gens, de respecter leur rythme et de les laisser à leurs compréhensions du moment. Les laisser à leur absence d’intérêt lorsque je tends la main ou les invite à se mobiliser dans le vivant, loin des écrans. Quand je leur dis que c’est une démarche à long terme qui nécessite de l’engagement, une collaboration de tous les instants et qu'elle invite encore et toujours plus à se mettre en relation avec l'autre.
Quant au corps lui, c'est encore plus profond que cela. Mon corps sait que tout se joue au-delà de cet espace-temps, de ce petit bout de vie et de cette forme. C'est l'univers tout entier qui concourt à quelque chose de déjà terminé. Quelque chose qui ne fait que répéter en boucle le même vieil air de musique.
Il se rit encore parfois du fait que j'aurais, pendant un temps, voulu aider et contribuer moi aussi... Ce temps où j'étais tellement secouée moi-même par le processus que je me disais que les gens qui vivent la même chose doivent pouvoir trouver un lieu d'accueil et de l'information.
Maintenant si je ris c'est parce que je vois bien que j’ai été admirablement bien guidée dans la manière dont les choses se sont passées. En faisant en sorte que je ne sois pas accueillie par le milieu, comme je l’aurais souhaité. Parce que je n’ai absolument aucun élan à participer à ce qui se trame en ce moment. Plus de de propension non plus à transiger avec des gens qui ne sont pas en mesure de s’engager.
Tant que les gens ne feront pas la différence entre investir dans leur développement ou leur mieux-être et s’engager dans une voie initiatique, je ne vois pas la pertinence de me désâmer à leur faire voir qu’on ne parle pas du tout de la même chose.
Là aussi, je reviens à l'essentiel.
M'adresser au bon auditoire, quitte à ne plus en avoir du tout. Dans cet essentiel auquel je suis ramenée, il n'y a plus de tergiversation ou de marchandage à faire avec moi-même. C'est du « tout à prendre ou à laisser ».
Dans cet essentiel et peut-être aussi cette mémoire ancestrale qui provient du cellulaire, vivent des compréhensions et idées toutes autres quant à des concepts tels que le succès, la réussite ou la visibilité. Longtemps dans ma vie j'ai erré dans tout ça. Portée par des ambitions parentales qui souhaitent autre chose pour leur fille que ce qu'ils avaient vécu. Portée par des conditionnements sociaux qui établissent à chaque époque ce que devrait être le succès et la réussite.
Aujourd'hui je vois clairement que de passer à travers le lot de défis que nous rencontrons dans la vie et d'en ressortir grandit et/ou assagit est certainement la plus grande réussite que nous puissions atteindre dans notre existence. D'être entourée de gens qui m'aiment pour ce que je suis et non ce que je peux leur apporte, une autre précieuse réussite. Trouver un espace sécuritaire n'est pas si simple que cela, même lorsqu'il s'agit de proches ou de la famille. Nous aimons tous/toutes un peu malhabilement et projetons souvent inconsciemment des attentes sur les gens que nous aimons. Trouver un espace où l'on peut discuter de tout cela afin de sortir de ces patterns et mécanismes, est également une réussite en soit.
Je reviens donc à ma maman, mon chéri, mes enfants, mes amies, mon chien. Mon magnifique sanctuaire de vie, la nature qui s'offre à nous dans ce lieu magique que j'aime tant. Je respire à fond l’air du St-Laurent remplie de gratitude de pouvoir vivre la vie qui m’a été donnée, malgré les petits hauts et bas qui sont vécus actuellement. Ceux-ci n'enlèvent rien à la beauté de la vie, au contraire!
Ils la rehaussent. ✨
De sentir toute cette vie palpiter en moi et de vivre en unisson avec la Nature, c'est le plus beau cadeau que la vie ne pouvait pas offrir à celle souvent considérée trop sensible par les gens rencontrés. Et je ris là aussi d’avoir passé autant de temps à me laisser définir par les autres et cru que j'avais quelque chose à leur prouver.
Tellement de « trop »-s m’ont été attribués... Des « trop»-s qui ont creusé un « pas assez » abyssale en moi qu'il m'a fallu rencontrer. Aujourd'hui j'assume mes « trop »-s comme mes « pas assez »-s. Ni l'un ni l'autre ne sont vrais ou faux. Mais les deux sont nécessaires à mon équilibre.
Ce qui est vraiment amusant, c’est qu’aujourd’hui, ce sont précisément cette sensibilité et cette intensité qui me permettent de vivre la Transcendance au quotidien. Le besoin de parler de midi à quatorze heure de la Pureté de la Conscience ou de ses attributs, s'est écroulé lui aussi. Je préfère nettement vivre cela dans le silence, quitte à être seule à en profiter, que de tenter de véhiculer quelque chose à des gens qui ne sont pas intéressés. Les gens croient que la vibration les guide vers les bonnes personnes ou situations et je n'ai plus aucun élan. là non plus. à les contredire ou leur faire suggérer une autre interprétation.
Mais je maintiens quand même que la vie est intense (entière, complète et sans compromis) et sensible (référant ici aux sens). Deux éléments essentiels à l'expérimentation. Elle est un processus en soi qui ne fait pas de compromis lorsqu’il s’agit de vivre dans la Vérité. Tous les recoins et aspérités devront être visités et aucun cadavre ne sera laissé derrière. Dans ce contexte, la notion du choix demeure tout aussi cruciale qu'illusoire. Croire que nous pouvons choisir ce que nous voulons ou aimons est une illusion. Mais croire que devant ce que nous n'aimons pas ou ce qui nous est imposé nous avons un choix est crucial. Parce que ce sont précisément dans ces circonstances que nous devons choisir l'amour plutôt que la peur.
Cela dit, chacun vit les choses à sa façon et il n'y a pas d'animosité ou de frustration dans mon propos. Si c'était le cas, j'aurais fermé boutique depuis longtemps parce que mes anciens mécanismes me portaient toujours vers la fuite ou le combat. À chacun leur chemin et chaque chemin est très bien. Il est bon de se tromper, se faire mener en bateau et de croire, pendant un temps, que nous avons perdu notre temps. 😅
Il y a des apprentissages qui viennent avec tout ça et moi aussi, j'en suis passée par là. Nous voudrions tous/toutes prémunir les gens autour de nous du danger ou des problèmes, mais ce n'est pas ça aimer. Aimer implique aussi de laisser les gens que nous aimons se planter ou faire des choix douteux. C'est pourquoi je respecte profondément le cheminement de chacun mais garde aussi une porte ouverte, au cas ou... Je demeure disponible de loin. Comme une sorte de fantôme devant lequel les gens passent, sans en ressentir la présence. Cela me convient parce que ce n’est pas de mon enjeu dont il s’agit, mais précisément du leur: Celui d’accepter de ressentir, sans aucun filtre ni tampon.
Il fait partie du chemin de l'âme d'avoir à grandir en force et en courage pour prendre le contrôle de notre multitude intérieur. De prendre le pas sur les tendances égoïques en chacun/e de nous, qui sont portées par ces personnages que nous croyons être ou avons crus être. Ainsi que par certains archétypes du collectif. La volonté de l'âme doit prendre le pas sur celle d'autres générations qui nous ont transmis leurs croyances, rêves et ambitions. Le mémoriel doit s'épurer de nos peurs, nos insécurités, nos désirs et même de notre volonté de vouloir aider.
Ce sont des passages obligés pour chacun/e de nous et lorsque je parle de voie initiatique, c'est de cela que je parle. Je ne parle pas de rencontrer la lumière mais bien de passer la porte étroite. Celle qui frotte et vous arrache parfois violemment vos oripeaux.
Nous sommes tous ensemble collectivement parlant dans ce processus, mais aussi complètement seuls dans les enjeux que nous avons à rencontrer. Personne ne peut forcer ou ouvrir une porte qui se déverrouille de l’intérieur.
Nous pouvons nous tendre la main, partager de l'inspiration, de l’information, des trucs ou des éclairs de révélation. Certes.
Mais passer le pas, franchir le seuil et parfois saisir la main qui nous est tendue; ça, il n'y a que nous, individuellement parlant, qui puissions l’effectuer. Recevoir est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît parce que cela implique de se mettre dans une posture d'ouverture et de vulnérabilité. C'est admettre son ignorance, ses limites ainsi que sa faiblesse. Ce qui est essentiel à leur dépassement. Ce sont des initiations intimes et répétitives qui nous ouvrent de plus en plus sur l’universel. J'en ai vécu plusieurs par le passé et malgré cela, je me retrouve encore en ce moment dans une posture similaire. Une posture où je dois accepter de recevoir l'aide de gens qui m'apprennent à naviguer les enjeux de fin de vie de la personne que j'accompagne. Ils m'apprennent à être là pour elle à certains moments et à me retirer à d'autres. Pour qu'elle puisse réaliser certaines choses par elle-même quant à son autonomie et autres enjeux qui viennent avec la maladie.
Bref, quand je parle d’engagement, c’est de ça que je parle. Je parle d'une union, d'un mariage intérieur qui nécessite une volonté et une fermeté qui, si au départ peuvent paraître personnelles, finissent par se révéler être celles de l'âme. Sans volonté à collaborer et s'unir à l'âme, celle-ci s'épuise et se fatigue à jouer dans les scénarios de nos divers personnages. L'énergie se tarit et l'individu ne peut compléter son processus d'individuation.
Les gens veulent s'élever et toucher à « Dieu ». Pas parce qu'ils sont mal intentionnés mais simplement parce que c'est ça que les religions et la spiritualité nous vendent depuis des milliers d'années maintenant. Que l'on parle de Transcendance ou d'Immanence, les deux viennent à la clé avec leur lot de promesses irréalistes et fausses.
Nombre d'individus ne cherchent pas réellement des réponses à leurs questions. Ils veulent simplement se faire rassurer et tentent d'apprendre à vivre. Parce que ça, ça ne nous a jamais été enseigné... Ni par nos parents, ni par le milieu scolaire, ni même par les religions et autres grands courants spirituels et philosophiques. Malgré toute la grande sagesse de l'orient, malgré la production à la chaîne de nouveaux enseignants spirituels qui vous disent tous la même chose depuis 75 ans, personne n'a encore vraiment abordé ce thème de fond. On vous donne des codes de conduite, des recettes, des outils, on vous parle de votre Nature Véritable, de Conscience, d'énergie et tutti quanti, mais de l'art de vivre, on en parle très peu.
Sur ce terrain, il faut commencer à observer les peuples anciens, ceux qui ont conservé leur traditions ancestrales et continué de véhiculer oralement leur sagesse, pour en avoir une petite idée. Observation qu'il faut savoir empreindre de discernement elle aussi. Parce que tous les peuples possèdent leurs enjeux et les peuples anciens ne font pas exception à la règle. Les européens sont particulièrement friands de sagesse ancestrale et de peuples premiers. Ils sont prêts à investir des milliers de dollars pour se rendre à leur rencontre et les visiter.
Mais ils ne vivent pas au quotidien auprès d'eux, ce que j'ai fait pendant plus de 30 ans.
J'ai vécu près d'eux, je travaillé avec eux, je les aies eu comme victimes et comme accusés dans mon bureau. Je peux témoigner qu'eux aussi ont de grandes difficultés à mettre en pratique la connaissance et la sagesse qu'ils véhiculent. Eux aussi tournent en rond dans des patterns de victimisation dont ils sont incapable de s'extraire. Eux aussi recherchent le confort et la sécurité d'une vie matérielle que le vilain homme blanc leur à apportés...
Qu'est-ce qu'une vie heureuse et remplie?
C'est ce que tout le monde cherche avidement. Une vie faite de simplicité, de relations vraies et de petits bonheurs quotidiens. Dans ce tableau, le défi, la difficulté et les souffrances émotionnelles qui viennent avec, semblent être des trouble-fête. C'est pourquoi notre regard est facilement détourné de cet appel profond par toutes les promesses qui nous font croire qu'il existe des recettes miracles pour surmonter les défis de la vie ou pire, vivre une vie où il n'y en aura plus aucun. Mais, pour la plupart d'entre nous, la vie ne se passe pas sur un tapis de yoga, dans un ashram, un monastère ou dans une retraite de ressourcement à Bali. Tout ça ce sont des espaces sécuritaires, des espaces que nous cherchons à l'extérieur mais qui existent aussi en nous. Même l'enseignant de yoga doit couvrir ses frais d'exploitation et le moine bouddhiste transiger avec l'entretien du temple. Dans un cas comme dans l'autre ces gens ne vivent pas dans une bulle et rencontrent eux aussi des défis. Les défis doivent être vus pour ce qu'ils sont. Ce ne sont pas des montagnes insurmontables à gravir et ce ne sont pas non plus des produits de notre mental à observer en attendant qu'ils se règlent tout seul.
Vous avez des choses à apprendre de vos défis, épreuves et difficultés. S'ils se dressent sur votre chemin, ce n'est pas pour rien. Ils sont des parties intégrantes de votre histoire; des parts à intégrer. Or. c'est précisément lorsque vous les rencontrez, que vous apprenez de ceux-ci et intégrez ces apprentissages, que grandit en vous un espace de sécurité, qui vous permet de réaliser que vous avez la force et le courage de tout rencontrer.
Il est temps de cesser de réduire vos histoires à un lot de pensées et de croyances qui vous font souffrir. Parce qu'elles ont beaucoup à vous apprendre sur vous-même et l'art de vivre.
Revenir à l'essentiel. et à ce qui nous a forgé...
Y a que ça de vrai.
À l'arrivée de la période des fêtes, période qui a le chic de nous emporter dans un tourbillon qui peut facilement nous épuiser, il est bon de revenir à l'essentiel et de se demander, maintenant et pas le 22 décembre: Comment ai-je le goût de vivre cette période? Dans quel état d'esprit et quel niveau d'énergie ai-je le goût de commencer la nouvelle année?
Une fois que l'intention est claire pour vous, il faut ensuite se donner les moyens d'actualiser ce que nous souhaitons profondément. Cela peut impliquer d'avoir à apprendre à dire non ou mettre ses limites. Cela peut impliquer d'avoir à être transparent et honnête lorsque vient le temps d'exprimer comment on se sent, cela peut aussi vouloir dire d'avoir à avancer un peu à contre-courant. Parce que nos besoins profonds sont rarement en adéquation avec la manière dont la société nous propose de faire les choses.
Dans l'engagement qui vient avec un cheminement en Conscience, il y a le fait de s'écouter plus finement et de cesser de se laisser aveugler par le bling-bling, le superficiel et le tape-à-l'oeil qui nous entoure et peut facilement s'imposer à nous. C'est vrai lorsqu'il est question de spiritualité, c'est vrai dans tout. C'est la réflexion profonde à laquelle ce texte vous invite.
En terminant je voudrais approfondir en quelques lignes l'aspect spirituel...
Je sais que mes textes peuvent sembler taper beaucoup sur le clou de la spiritualité ces temps-ci, c'est vrai. Mais en fait, ils cherchent simplement à remettre les choses en perspective, dans un contexte historique et sociologique qui nous influence lui aussi fortement, lorsque vient le temps de vivre une vie que nous souhaitons faite de plus de Vérité et d'alignement.
Les croyances spirituelles ont toujours existé. Elles vont et viennent au gré des époques et de ce que celles-ci transportent comme influences idéologiques et autres grands courants sociologiques. Elles sont là pour les supporter et les alimenter, ce qui en soi, est essentiel mais peut aussi être subtilement détourné. Là aussi, il faut faire preuve de discernement. La spiritualité, à l'heure actuelle, calque son modèle d'affaires sur celui des autres marchés et particulièrement, comme je l'ai écrit plus haut, sur celui du développement personnel. Marchés qui sont tous là pour nous inviter à demeurer performants, s'améliorer, devenir une meilleure version de soi-même, se maintenir dans l'action et l'assouvissement des désirs. Afin de maintenir une consommation, que nous savons tous/toutes être reliée de très près aux enjeux environnementaux que nous rencontrons.
Le credo qu'il n'y a rien de mal à gagner sa vie avec nos activités spirituelles (ou hollistiques) ainsi que celui qui tend à vous faire croire que l'argent c'est juste de l'énergie, servent et supportent le marché de la consommation, pas le vivant. Prétendre le contraire, c'est se mettre la tête dans le sable. À cet égard ainsi qu'à bien d'autres, nous sommes tous/toutes partie du problème et de la solution. Je ne suis pas meilleure que les autres et vous non plus.
La grande hypocrisie en regard de l'éveil, des pratiques holistiques et/ou spirituelles et de toutes les élucubrations mentales qui se véhiculent autour de ces thèmes, c'est qu'elles vous rendront meilleur/e/s, différent/e/s, unique/s ou vous ouvriront à une compréhension dite « supérieure ».
Je l'ai dit dans mon dernier texte et je le répète: Tout ce qui porte vers des idées qui reposent sur le développement d'élites intellectuelles ou de races supérieures, ce n'est pas de la spiritualité, c'est du dogmatisme et du prosélytisme.
Ne soyez pas dupes. C'est ce à quoi je vous invite, tout simplement.
Je vous remercie de votre présence ici. Ça me fait chaud au coeur de vous savoir là et même si j'aime beaucoup recevoir de la rétroaction de votre part, sachez que je respect aussi profondément votre silence.
Je vous souhaite de très joyeuses fêtes de Noël et de la nouvelle année.
Que la vie vous soit douce, paisible et heureuse!
Amrit




Merci pour ce riche texte aux accents initiatique. J'aime la richesse et la profondeur de ton expérience que je perçois dans tes textes ; cette vigilance que tu nous invites à avoir ; cette exigence d’être présent a ce que nous propose la vie ; et cette invitation à l'écoute corporelle. Merci 🙏